Louise, René, « Marie-Thérèse Julien-Lung Fou », in Peinture et sculpture en Martinique, Éditions caribéennes, 1984, p. 26-27.
→Lung Fou, Marie-Thérèse, Contes créoles. contes, légendes, proverbes, devinettes et autres histoires fantastiques, Fort-de-France, Désormeaux, 1980.
→Lung Fou, Marie-Thérèse (dir.), Dialogue, revue culturelle, route de Didier, Martinique, 1955-1957.
Archives départementales de la Guadeloupe, fonds Roger Fortuné (ADG 7 J 17-18), Exposition Marie-Thérèse Lung Fou, 6e Salon des réalités martiniquaises, du 11 décembre 1955 au 3 janvier 1956, Maison de la culture, Fort- de-France, 1955.
→Archives départementales de la Guadeloupe, fonds Roger Fortuné (ADG 7 J 17-18), Exposition Marie-Thérèse Lung Fou, Salon de l’Hivernage, novembre 1947, palais du Conseil général en Guadeloupe, 1947.
Sculptrice, dessinatrice, poétesse et conteuse martiniquaise.
Marie-Thérèse Julien Lung-Fou est une artiste unique par ses multiples talents (sculpture, dessin, poésie, théâtre, conte, littérature de jeunesse) et ses héritages pluriels (chinois, afro-caribéen et européen). Originaire de la commune des Trois-Îlets, elle grandit dans un quartier où elle est entourée de potiers. Elle suit sa scolarité au pensionnat colonial de Fort-de-France avant d’intégrer l’École nationale des beaux-arts de Paris en 1934. Elle devient alors la première sculptrice native des Antilles françaises reconnue. Son œuvre de jeunesse Tam-Tam (vers 1936) – représentant un travailleur des champs à califourchon sur un tambour sculpté dans un bloc de pierre – est la pièce maîtresse du pavillon artistique des fêtes du Tricentenaire à la Martinique.
À Paris, M.-T. Lung-Fou remporte rapidement de nombreux prix et récompenses, notamment une médaille de bronze au Salon de 1938 avec une œuvre intitulée L’Offrande (1938) dans une esthétique Art déco. Mais elle évolue en marge de la Société coloniale des artistes français (SCAF), ce qui freine probablement sa carrière et sa reconnaissance nationale. Après avoir séjourné dix ans en Indochine française, l’artiste revient en Martinique avec son époux où elle participe activement à la vie artistique et culturelle d’après-guerre. Elle accompagne également le mouvement de l’art antillais émergent avec l’Atelier 45. Dans son atelier situé route de Didier à Fort-de-France, elle forme la jeunesse, et notamment les femmes, à la sculpture, la céramique et la peinture. Artiste reconnue, elle honore plusieurs commandes publiques et privées notamment un Saint-Dominique pour le couvent du Morne-Rouge.
En Guadeloupe, elle est également sollicitée dans le cadre du Centenaire de l’abolition de l’esclavage pour la réalisation d’un monument commémoratif représentant une Petite esclave (1947-1948) se libérant de ses chaînes. Fondatrice du Salon des réalités martiniquaises, qu’elle préside de 1952 à 1959, et de la revue culturelle Dialogue (1955), elle anime avec énergie le Groupement des artistes martiniquais et rédige le manifeste du « Monde noir » prônant le métissage culturel, l’égalité et l’échange entre tous les peuples. Elle sollicite dans son comité d’honneur Richard Wright, Alioune Diop, René Maran, Joseph Zobel, Jean-Paul Sartre et Michel Leiris. Fervente défenseuse du patrimoine antillais, elle contribue fortement à la valorisation des arts et traditions, du carnaval, de la cuisine, des contes animaliers philosophiques et magiques. Elle est l’auteure de plusieurs albums pour enfants et elle est particulièrement connue pour ses Contes créoles publiés en trois volumes en 1979.
Soucieuse de la valorisation des engagements humains, M-T. Lung-Fou est dans ses œuvres précurseure de la « créolité ». Au début des années 1970, elle met en place, telles de véritables installations, des reconstitutions dans des établissements scolaires de scènes, grandeur nature, de la vie des Antilles, avec des objets anciens. Récompensant son labeur, elle reçoit plusieurs prix, dont les palmes académiques et la médaille de l’Ordre national du mérite. M-T. Lung-Fou meurt le 24 janvier 1981. En 2016, la ville des Trois-Îlets lui rend hommage en donnant son nom à la bibliothèque municipale.
En 2020, sa pratique artistique attire l’attention de l’opinion publique en Martinique, après le déboulonnage d’une de ses sculptures représentant l’homme politique antiesclavagiste Victor Schœlcher.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023