Pia Rönicke, Rosa’s Letters, Milan, Mouse Publishing, 2012
→Pia Rönicke, Moderna Museet Projekt, Stockholm [décembre 2001-février 2002], Moderna Museet, Stockholm, 2002
The Cloud Document, O-Overgaden, Institute for Contemporary Art, Copenhague, juin-août 2017
→Word for Forest, Parallel Oaxaca, Oaxaca, décembre 2018-janvier 2019
Artiste plasticienne danoise.
Pia Rönicke a étudié à la Royal Danish Academy of Fine Arts, à Copenhague (1995-2001), et au California Institute of the Arts, à Los Angeles (1999-2001). Sa pratique repose sur une pluralité de médiums (installation, photographie, texte, dessin, gravure, sculpture…), parmi lesquels le film tient une place privilégiée. D’un point de vue thématique, son œuvre porte principalement sur le rapport de la nature à l’humain et à l’histoire, ainsi que sur des figures d’artistes femmes dont P. Rönicke piste les survivances mémorielles ténues. Ces deux zones apparemment disjointes de sa création se réunissent dans l’importance qu’elle accorde à la rencontre, avec des individus ou des objets, comme moteur de sa création. Dans certains cas, la découverte suscite des dialogues, noués autour d’intérêts communs ; d’autres rencontres se font à travers le temps, et des résonances subtiles entrelacent passé et contemporain. Les archives et les lectures sont ainsi bien souvent, pour P. Rönicke, à l’origine d’œuvres qui se développent comme des recherches ou des explorations. Elle pense à partir et autour des documents et des personnes auxquels elle se consacre. Ainsi son travail repose-t-il souvent sur la création d’un contexte, à la fois historique, formel et sensible. Ses œuvres matérialisent l’espace qui existe autour des objets qu’elle prend comme point de départ, dont elle suit les effets, tant sur les personnes, les théories, les politiques que sur les écosystèmes.
Dans Rosa’s Letters (2006), par exemple, l’artiste prend une sélection de lettres de Rosa Luxemburg comme point d’ancrage du regard panoramique qu’elle étend dans l’espace d’une installation multimodale. Un premier film qui donne à entendre des extraits de la correspondance de Rosa Luxemburg est associé à un second documentant ses lieux d’écriture ainsi qu’à une maquette de l’appartement de P. Rönicke accueillant une exposition miniature de documents et de diapositives relatifs à la militante. En 2012, la publication d’un livre (Rosa’s Letters, Mousse Publishing) poursuit cette œuvre, dont l’espace est à la fois spatial, temporel, linguistique et mémoriel.
L’attention que P. Rönicke porte aux échelles, spatiales, sémantiques, historiques, est aussi sensible dans le travail qu’elle consacre aux collections botaniques. Une plante pressée par un botaniste danois du XIXe siècle est ainsi à l’origine de ses œuvres The Cloud Document (2017) et Word for Forest (2018), dans lesquelles elle expose les réalités géographiques, climatiques, géopolitiques, coloniales et scientifiques que recouvre cet herbier conservé à Copenhague. Ses recherches, et les partenariats qui les nourrissent, l’amènent à la découverte de lieux et d’objets où ces réalités plurielles s’entremêlent. Elle a par exemple reconstitué le voyage d’une graine depuis le jardin botanique de Copenhague où elle est conservée jusqu’aux montagnes d’Oaxaca, au Mexique, d’où elle avait été prélevée au XIXe siècle. Dans Word for Forest, les écosystèmes se succèdent, donnant à voir la réalité d’un déracinement dont le sens déborde la question environnementale.
P. Rönicke a participé à de nombreuses expositions collectives, parmi lesquelles Art and Life in the Critical Zone (Kin Museum of Contemporary Art, Kiruna, Suède, 2024), Chaleur humaine (Triennale Art Industrie, Dunkerque, 2023), On the Rising Wave (Busan Biennale, Corée, 2022), Become Flower (MAMAC, Nice, 2022), Elephant Cemetery (Artists Space, New York, GNS, Palais de Tokyo, Paris, 2003), et individuelles, notamment Drifting Woods (Gävle Art Center, Suède, 2021), Word for Forest (Parallel Oaxaca, Mexique, 2018), The Cloud Document (O–Overgaden Copenhague, 2017), The Pages of Day and Night (gb agency, Paris, 2015) et Aurora (Museo Rufino Tamayo, Mexico, 2012). Ses œuvres sont présentes dans plusieurs importantes collections, notamment en France, au Centre national des arts plastiques (Cnap) et au Frac Alsace, en Suède, au Moderna Museet, et au Danemark, à la Danish Art Foundation.
Une notice réalisée dans le cadre du programme +1.
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