Don Handa, Lutivini Majanja, George Kyeyune et Asaph Ng’ethe Macua, Mwili, Akili Na Roho / Body, Mind, and Spirit : Ten Figurative Painters from East Africa, New York, David Zwirner Books, 2023.
→Betty LaDuke, « East African Painter Theresa Musoke : Uhuru or Freedom », Art Education, vol. 42, no 6, 1989, p. 16.
→Rose-Marie Rychner, Contemporary Art in Uganda, Aschaffenburg, Kunstaus am Schloß, 1996.
Michael Armitage : Paradise Edict, The Royal Academy of Art, Londres, 22 mai-19 septembre 2021.
→Theresa Musoke – Legendary Artist of Uganda, The Nairobi Gallery, Nairobi, 8 juillet-8 octobre 2017.
→Sanaa : Contemporary Art from East Africa, Commonwealth Institute, Londres, 1er novembre-31 décembre 1984.
Plasticienne ougando-kényane.
Theresa Musoke est l’une des artistes femmes les plus prolifiques d’Afrique de l’Est. Peintre, graveuse et sculptrice, elle est principalement connue pour son style pictural expressionniste et rythmé. Dessinatrice de talent, T. Musoke se forme à la Makerere School of Fine Arts (aujourd’hui Margaret Trowell School of Industrial and Fine Art), à Kampala, où ses talents sont reconnus dès le début des années 1960. En 1964, elle reçoit la commande d’une œuvre murale, Symbols of Birth and New Life, pour le Mary Stuart Hall de l’université Makerere, encore visible de nos jours. Elle est l’une des premières femmes diplômées de cette institution et reçoit en 1965 le prix de peinture Margaret Trowell pour réalisation artistique exceptionnelle. Cela donne lieu à sa première exposition individuelle, au musée d’Ouganda. La même année, lors d’une visite royale britannique en Ouganda, elle présente sa peinture Uganda Martyrs (1965) à la princesse Marguerite.
Après son diplôme, T. Musoke poursuit des études en sciences de l’éducation, puis enseigne pendant un an à l’école pour filles de Tororo avant de recevoir une bourse du Commonwealth pour étudier au Royal College of Art, à Londres. Elle y prépare un diplôme de gravure entre 1965 et 1967. La naissance de son fils en 1968 l’incite à retourner dans son pays et à reprendre l’enseignement, cette fois à l’école de Mount Saint Mary. En 1969, elle remporte une bourse de la Rockefeller Foundation pour étudier dans le cadre d’un Master of Fine Arts à l’école des beaux-arts de l’Université de Pennsylvanie, où elle se concentre sur le dessin, la peinture et les arts graphiques. Au début des années 1970, elle retourne en Ouganda et à l’université Makerere, où elle enseigne les arts graphiques et reçoit la commande d’une œuvre murale pour l’aéroport d’Entebbe. Cependant, en raison de la situation politique difficile du pays sous la dictature d’Idi Amin Dada, en particulier pour les universitaires, elle quitte l’Ouganda en 1976, avec son fils, pour s’installer au Kenya.
Lors de son exil, T. Musoke continue à enseigner dans plusieurs institutions, notamment l’université Kenyatta et l’École internationale du Kenya, afin de subvenir à ses besoins, tout en continuant à exposer localement et internationalement. Parmi ses expositions individuelles et collectives, on compte Sanaa : Contemporary Art in East Africa (Commonwealth Institute, Londres, 1984), Armory Pre-Selection (Parliament House, Londres, 1984) et la Ire Biennale de Johannesburg en 1995.
Après son retour en Ouganda en 1997, T. Musoke poursuit sa pratique dans l’atelier dont elle dispose chez elle, à Kampala. Dans les années 2010 et 2020, son travail est de nouveau mis en avant et l’intérêt du public est renouvelé à l’occasion de la rétrospective Theresa Musoke – Legendary Artist of Uganda, organisée à la Nairobi Gallery en 2017. Son œuvre est également incluse dans les expositions Michael Armitage : Paradise Edict, présentée à la Royal Academy de Londres et à la Haus der Kunst de Munich en 2021, Mwili, Akili Na Roho (Body, Mind, and Spirit) : Ten Figurative Painters from East Africa, au Nairobi Contemporary Art Institute en 2022, et A Retrospective of Three Artists : Theresa Musoke, Thabita wa Thuku, Yony Waite à la Circle Art Gallery de Nairobi en 2022.
Au cours de sa longue carrière, les œuvres de T. Musoke reprennent plusieurs thèmes, comme le peuple maasai, les femmes au marché et la maternité, mais la source d’inspiration la plus fréquente pour l’artiste est la vie sauvage de ses deux pays, l’Ouganda et le Kenya : gnous, bubales, oiseaux, léopards, girafes et lycaons font tous des apparitions répétées dans son art. T. Musoke est une observatrice attentive de la nature, de ses motifs récurrents, de ses mouvements et de son mystère. Elle ne peint pas directement sur le motif, mais préfère plutôt capturer des impressions en esprit et les peindre ensuite de mémoire. Les sujets de T. Musoke, qui se définit comme artiste semi-abstraite, sont secondaires. Les couleurs et les thèmes lui sont suggérés au cours de sa démarche expérimentale et itérative : elle teint d’abord ses toiles de coton puis s’approprie les formes suggérées par les taches ainsi créées. Elle trace ensuite des marques sur la toile de manière répétée et les travaille jusqu’à ce qu’émergent des figures qui finissent par constituer des compositions denses et souvent effervescentes.
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023