Les traces d’une vie artistique lesbienne et queer sont nombreuses, tout du moins depuis le XIXe et le XXe siècle. Ces récits demeurent cependant en marge de l’écriture conventionnelle de l’histoire de l’art, invisibilisés à l’intérieur même des biographies des artistes, forçant l’histoire à porter des œillères. AWARE propose un cycle d’événements autour des Présences Lesbiennes et Queer dans l’histoire de l’art du XIXe et XXe siècle.

Elles sont pourtant nombreuses à avoir vécu pleinement leurs identités, et à avoir laissé ces identités influencer leurs travaux. Rosa Bonheur, Lotte Laserstein, Romaine Brooks, Marie Laurencin, Gerda Wegener et Lili Elbe, Marlow Moss, Claude Cahun et Marcel Moore, ou plus récemment Barbara Hammer et Laura Aguilar, pour ne citer que quelques noms, imprègnent l’histoire de l’art et les cultures lesbiennes et queers contemporaines. Questionner les visibilités et présences lesbiennes, c’est embrasser la complexité et la réalité de l’histoire et des créations des artistes concernées et de leur héritage culturel.

Le 6 décembre 2024, AWARE vous invite au quatrième événement du cycle Présences lesbiennes, « Désorienter le féminisme », à partir de 18h à la Villa Vassilieff. Cette soirée proposera une intervention de l’historienne de l’art Amelia Jones intitulée « Désorienter le féminisme en art à travers les ‘présences lesbiennes’ », suivie de la projection du court-métrage Herman@s (Les Adelphes) réalisé par l’artiste H·Alix Sanyas.

« Cette intervention traite de l’effet « désorientant » des artistes lesboqueer et de leurs pratiques créatives sur les histoires mainstream de l’art moderne, aussi bien que sur les récits et discours féministes en art contemporain. A partir des travaux de Sara Ahmed et de Saidiya Hartman, je me pencherai sur la manière dont les lesbiennes et les personnes queer/trans s’identifiant comme femmes troublent les systèmes culturels et artistiques de leur époque et désorientent les constructions et récits historiques. Plutôt que d’ignorer ou d’intégrer ces perturbations, je soutiens que les historien·nes, conservateur·ices et théoricien·nes dont je fais partie peuvent accueillir les frictions que ces artistes introduisent dans nos domaines, en développant de nouvelles façons de décrire leurs contributions à l’histoire des arts visuels, et en changeant ainsi notre langage et nos hypothèses. Ces arguments seront développés en relation avec les histoires du début du vingtième siècle des « Wayward Lives » dans les mondes de l’art, de la musique et de la littérature, et s’appuieront sur les œuvres de Susan Silton, Vaginal Davis, Laura Aguilar, Zanele Muholi, et des Toxic Titties et Cassils pour illustrer ces arguments. »  (Amelia Jones)

Le film d’H·Alix Sanyas, Herman@s (Les Adelphes) (28min), se présente comme un documentaire expérimental, suivant son personnage principal à travers ses apparitions : une nuit d’octobre 2011, un rêve mystérieux donne naissance à Cuco, un pirate transgenre de latex.

Ce cycle d’événements est conçu par Ana Bordenave, assistée de Naemi Piecuch.

Informations pratiques

Vendredi 6 décembre 2024, à partir de 18h

L’événement se déroulera en anglais, la projection sera en français sous-titré

Inscription gratuite ici.