Cet ouvrage fait suite à la tenue d’un colloque international pluridisciplinaire organisé les 19 et 20 septembre 2019 au Centre Pompidou et au musée d’Orsay, à Paris, en partenariat avec l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions). Intitulé Faire œuvre. La formation et la professionnalisation des artistes femmes aux XIXe et XXe siècles, le colloque entendait dresser un état actuel de la recherche sur l’accession des artistes femmes aux structures d’enseignement, en France et à l’étranger, qu’il s’agisse des ateliers, des académies privées ou des écoles publiques.
Eliza Greatorex (née Pratt, 1819-1897) était l’artiste femme la plus célèbre du New York des années 1860-1870, connue pour ses peintures de paysages, ses croquis d’architecture urbaine à l’encre et à la plume ainsi que ses eaux-fortes de scènes d’extérieur. Cet article soutient l’idée selon laquelle l’évolution de son œuvre s’est faite en fonction des opportunités qu’elle rencontre en France. Elle modifie tout d’abord son style, initialement proche de l’école de l’Hudson, après avoir étudié auprès d’Émile Charles Lambinet à Barbizon. Puis, afin de mieux rendre compte de la transformation radicale du paysage urbain new-yorkais, elle puise son inspiration dans les représentations que font Hippolyte Bayard et Charles Marville de la destruction haussmannienne du vieux Paris. Enfin, sa pratique de l’eau-forte auprès de Charles Henri Toussaint et Maxime Lalanne font d’elle l’une des figures du renouveau de cette technique. De surcroît, ses propres filles étudient à l’académie Julian et à l’atelier de Carolus-Duran. La carrière d’E. Greatorex est un bon exemple de la manière dont une femme a pu modeler son propre parcours artistique en alliant la formation, les réseaux d’entraide féminins et la possibilité d’exposer et de vendre ses œuvres qu’offrait le contexte parisien du XIXe siècle.