The Purple Artificial Forest, Galerie El Falaky, Le Caire, 2005
Pasticienne égyptienne.
Après des études au Caire, à l’institut de cinéma de l’Académie des arts (1997-1998) puis à l’École des beaux-arts (1999), Amal Kenawy s’exprime à travers des sculptures, des animations vidéo, des dessins, des installations ou des performances. Elle traite de thèmes tels que la mémoire, le rêve, l’enfermement ou la mort, avec une poésie cruelle tissée de symboles, qui allie les contraires pour déjouer nos attentes. Ses premières œuvres sont réalisées avec son frère, Abdel Ghani Kenawy, entre 1997 et 2002 : il s’agit surtout de sculptures et d’installations, empruntant aux formes constructivistes ou au design, et dont les structures impliquent physiquement le spectateur. Ces travaux jouent du contraste entre l’opacité du métal et la légèreté translucide des voiles (The Inner Space [« L’espace intérieur »], 1999).
À partir de 2002, elle signe seule ses œuvres : on peut citer The Room (« La chambre », 2003), une vidéo accompagnée d’une performance, qui évoquent la question du mariage forcé. Associée à un papillon pris au piège d’une grille, revêtue d’une robe blanche, une femme brode des perles et de la dentelle sur un cœur de chair et de sang, tandis que l’artiste reproduit le geste sur un mannequin acéphale placé en face de l’écran. Le film d’animation The Purple Artificial Forest (« La forêt artificielle violette », galerie El Falaky, Le Caire, 2005) reprend cette combinaison surréelle en mêlant différents motifs récurrents dans son œuvre : figures d’insectes, organes amputés, fluide violet évocateur du sang. Dans l’installation vidéo Booby Trapped Heaven (« Paradis piégé », galerie Masharabia, Le Caire, 2006), l’itinéraire en pointillé d’un petit avion se dessine sur le dos d’une femme immobile, face à un paysage qui défile comme lors d’un voyage en train. Pouvant faire écho au désir d’immigrer de nombreux Africains, cette vidéo exprime également l’idée d’enfermement, celle d’un chez-soi angoissant qui s’affirme peut-être d’abord toujours en soi. Riche et protéiforme, l’œuvre d’A. Kenawy esquisse les contours de la vulnérabilité des êtres, à la frontière entre rêve et réalité, poésie et violence. L’artiste s’est éteinte à 38 ans d’une leucémie.