City, EL marsa Gallery, Tunis, Tunisia, 2014
→Untitled, 2010, EL marsa Gallery, Tunis, 2010
→Mare Nostrum, Dante Alghieri, Rome, 2004
Peintre tunisienne.
Asma M’Naouar étudie la peinture à l’École des beaux-arts de Tunis ; elle séjourne à Rome en 1993 et y obtient un diplôme de spécialisation en peinture à l’Accademia di Belle Arti. En 1995, elle fréquente l’atelier Bildzwang dans le canton de Lucerne, en Suisse, puis retourne en Tunisie l’année suivante.
Son art pourrait se définir comme appartenant à l’abstraction lyrique, mais sa particularité réside dans le traitement du rouge dont les jeux de tonalités offrent un univers de lumières flamboyantes. Avec passion et persévérance, elle exploite les possibilités de la couleur qu’elle travaille pour multiplier la variété des éclats et des teintes sombres. Elle juxtapose dans ses peintures à l’huile épaisseur et transparence en un géométrisme libre, habité de formes courbes ou oblongues. Ses compositions semblent évoluer de bas en haut, dans un étagement continu, redoublé par des aplats qui se superposent. Ces derniers suggèrent et retirent à la fois l’effet de profondeur.
Dans certaines de ses œuvres (Architecture XX, 2010 ; Mare nostrum, 2012), la matérialité des formes est rendue par les rapports subtils entre les vibrations de lumières vives et les plages de couleur brique ou grenat, assombries parfois en indigo. Qu’elle représente un sablier ou des bancs de poissons, ses figures se découpent dans des ondulations, volontairement irrégulières, de lignes incandescentes. Les jeux d’opposition et de complémentarité entre perpendiculaires et courbes font émerger des superpositions de structures mouvantes.
A. M’Naouar a décidé de ne vivre que grâce à son art, se soumettant aux aléas économiques de cette situation pour se consacrer entièrement à la peinture. Elle travaille régulièrement plusieurs heures par jour dans son atelier, à la lumière artificielle, pour approcher les couleurs réelles. Dans son inlassable recherche, elle repeint sur des tableaux qui ne la satisfont plus et expérimente des techniques et des éclairages différents. À l’opposé de plusieurs artistes tunisiennes et tunisiens qui enracinent leur pratique dans les éléments du patrimoine national, A. M’Naouar croit en l’universalité de l’art et ne se sent pas investie d’une mission ou d’une responsabilité autres qu’artistiques. Elle est à présent reconnue par la critique. Elle a obtenu le premier prix de la critique de la Giordano Bruno Stiftung en 1993, le deuxième prix du Salon d’automne de La Marsa en 1994, la Voile d’or de la Biennale du Koweït en 1996 et, en 1999, le premier prix des arts visuels décerné par le ministère de la Culture tunisien.
Sa force de caractère et sa passion créatrice lui ont permis de surmonter les obstacles socioculturels qui pouvaient constituer pour une femme des motifs de découragement.
Ses œuvres figurent dans les collections de la Fondazione Vittorio Caporrella à Rome, du centre Rachid-Karamé à Tripoli (Liban), ou encore dans celle du ministère de la Culture tunisien.
Publication réalisée dans le cadre de la Saison Africa2020.
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