Haarr, Elisabeth, Blytt, Are, Byre, Elisabeth, Elisabeth Haarr, cat. exp., Kunsthall Bergen, Bergen (27 mai – 15 août 2021), Bergen, Bergen kunsthall / Sternberg Press, 2021
→Petersen, Jette C. (dir.), Engasjert kunst: Hannah Ryggen, Elisabeth Haarr, cat. exp., Nordenfjeldske kunstindustrimuseum, Trondheim (mars-mai 2008), Trondheim, Nordenfjeldske kunstindustrimuseum, 2008
→Lium, Randi Nygaard, Tekstilkunst i Norge, Trondheim, Museene i Sør-Trøndelag Museumsforlag, 2016
Elisabeth Haarr Festspillutstillingen 2021, Kunsthall Bergen, Bergen, 27 mai – 15 août 2021
→Engasjert kunst, Nordenfjeldske Kunstindustrimuseum, Trondheim, mars-mai 2008
→Elisabeth Haarr, Oslo Kunstforening, Oslo, 2-20 mai 1973
Artiste textile norvégienne.
Elisabeth Astrup Haarr étudie le textile à la Statens håndverks- og kunstindustriskole (École nationale d’art et de design), à Oslo, dont elle sort diplômée en 1967. Sa première exposition individuelle a lieu à la Oslo Kunstforening en 1973. Elle est l’une des artistes les plus influentes de Norvège dans le domaine du textile, qu’elle aborde par des approches très diverses, telles que le tissage, la broderie, la sculpture textile, les techniques mixtes et les installations.
À ses débuts, dans les années 1960, sa pratique est marquée par des expérimentations autour de la géométrie et de l’abstraction. Elle admire l’école du Bauhaus et ses artistes, telles Gunta Stölzl (1897-1983) et Anni Albers (1899-1994). Son inspiration puise sa source dans la tradition abstraite norvégienne de l’åkle et dans le pop art, jouant de manière moderniste avec les formes et l’ornement.
Dans les années 1970, E. Haarr prend activement part aux luttes politiques du Kvinnefronten (le Front des femmes) et du mouvement antiguerre ainsi qu’à d’autres initiatives politiques. Dans le même temps, elle développe une pratique artistique explicitement engagée. Elle utilise le textile à la fois pour mettre en lumière des visées politiques et pour conférer une matérialité à ces engagements. Ses œuvres des années 1970 traitent de la lutte des classes, des problématiques environnementales et de l’oppression fondée sur le genre.
L’une de ses tapisseries les plus célèbres, Frustrasjonsteppe [Tapisserie de la frustration, 1981], aborde le sentiment de frustration éprouvé par une femme au foyer prisonnière des tâches domestiques. L’artiste crée cette œuvre alors qu’elle est mère et qu’elle travaille depuis chez elle. Comme elle ne peut pas se rendre à son atelier, elle utilise les matériaux qu’elle trouve dans la cuisine – sacs plastique, sacs de couches, ficelle alimentaire et fil nylon – et les tisse ensemble pour composer cette tapisserie. Les lettres majuscules expriment sa frustration face au travail domestique et son sentiment d’isolation. On voit le visage d’une femme en train d’hurler : « MAISON, NOURRITURE, ENFANTS, MÉNAGE, SEULE, SEULE ». L’œuvre témoigne d’une préoccupation centrale dans la pratique de E. Haarr : la relation étroite visible au cours de l’histoire entre les pratiques textiles et la vie quotidienne des femmes.
En 2021, le travail de E. Haarr fait l’objet d’une exposition individuelle, Festspillutstillingen, à la Bergen Kunsthall. Celle-ci révèle la vaste étendue de sa pratique textile et donne à voir la transition opérée par l’artiste après les années 1980, lorsqu’elle passe du tissage à d’autres techniques lui permettant d’expérimenter de nouveaux moyens d’expression textiles, tels que la broderie, la sculpture textile, les techniques mixtes et l’installation.
Malgré ce changement de cap, les œuvres de E. Haarr continuent de refléter son engagement politique et sa volonté de sensibiliser le public. Elle exprime ainsi sa solidarité à l’égard de personnes vulnérables sur les plans politique et matériel, dans des zones géographiques loin de la sienne. Par exemple, l’installation I magnoliatreet [Dans le magnolia, 2017] montre une robe blanche suspendue au plafond recouverte d’une couleur rouge sang. Cette œuvre a été créée en réaction aux viols, aux meurtres et aux pendaisons de jeunes femmes marginalisées dans la société indienne.
La série Flyktningetepper [Couvertures de réfugiés, 2020] est créée dans le contexte de la crise des réfugiés. Ces œuvres établissent un lien entre la pratique traditionnelle du tissage exercée par les femmes norvégiennes, qui fabriquaient des couvertures [båtrye] que les pêcheurs emmenaient sur leur bateau en cas de conditions maritimes difficiles, et la récente crise des réfugiés. E. Haarr mélange la laine et la soie avec une étoffe argentée à forte connotation symbolique rappelant les couvertures de survie, ainsi qu’avec des housses de couettes, du papier journal et de la toile de parapluie. Flyktningetepper incarne le profond souci de soins, d’éthique et de solidarité qui infusent la pratique féministe de E. Haarr.
L’œuvre de E. Haarr est représentée dans de nombreux musées en Norvège, dont le Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design (Oslo), le Nordenfjeldske Kunstindustrimuseum (Trondheim), le Sørlandets Kunstmuseum (Kristiandsand) et le Kunstmuseet i Sogn og Fjordane (Førde).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023