D’Agostino Michela, in Ilaria Miarelli Mariani, Raffaella Morselli (dir.), et Ilaria Arcangeli, Roma Pittrice. Artiste al lavoro tra XVI e XIX secolo [al lavoro tra XVI e XIX secolo [Peintre romaine. Artistes féminines au travail entre le XVIe et le XIXe siècle], cat. exp., Museo di Roma – Palazzo Braschi, Rome [24 octobre 2024 – 4 mars 2025] Rome, Officina Libraria, 2024, pp. 256-257
→Giusti G., Da Rosa Bonheur a Emma Gaggiotti Richards: storia di una identità ritrovata nella raccolta degli autoritratti degli Uffizi [De Rosa Bonheur à Emma Gaggiotti Richards : l’histoire d’une identité retrouvée dans la collection d’autoportraits des Offices], in Tra archivi e storia [Entre archives et histoire], 2018, II, pp. 707-731
→Orioli G., Museo dell’Ottocento: Emma Gaggiotti Richards [Musée du XIXe siècle : Emma Gaggiotti Richards], dans Studi romani [Études romaines], II, 1953, pp. 163-176
Roma Pittrice. Artiste al lavoro tra XVI e XIX secolo [Peintre romaine. Artistes féminines au travail entre le XVIe et le XIXe siècle], Museo di Roma, Palazzo Braschi, Rome, 24 octobre 2024 – 4 mars 2025
Italian painter.
Emma Gaggiotti (Richards) est l’une des rares artistes italiennes du XIXe siècle à atteindre une reconnaissance internationale de son vivant. Elle entreprend sa formation à Ancône auprès du peintre puriste Nicola Consoni (1814-1884), puis perfectionne sa technique à Rome dans l’atelier de Tommaso Minardi (1787-1871), l’une des figures majeures du purisme italien. Sa présence dès ses débuts dans les cercles artistiques romains est attestée par Francesco Hayez (1791-1882), qui rapporte dans ses Mémoires avoir dessiné son portrait lors d’un séjour à Rome. Un autre indice de leur relation est le Portrait d’Angiolina Gaggiotti (1834) par F. Hayez, tableau aujourd’hui perdu, qui représentait la mère de l’artiste.
Connue à Rome non seulement pour son talent de peintre mais aussi pour son patriotisme, E. Gaggiotti est chargée par le conseil de guerre de lever des fonds en soutien aux troupes italiennes durant le Risorgimento. En 1848, elle épouse le journaliste britannique Alfred Bate Richards et emménage à Londres, où elle côtoie l’élite des cercles artistiques de l’époque. Elle se lie très rapidement à la poétesse Adelaide Anne Procter, membre de la cour royale, dont elle dresse un portrait qui rend parfaitement la flamme et la sagacité de son regard. Ses œuvres sont exposées en 1851 à la Royal Academy of Arts, où son Portrait of a Lady attire l’attention de la reine Victoria. La monarque commande alors un autoportrait de l’artiste, achevé en 1853 et conservé de nos jours au sein de la Collection royale (RCIN 408920) avec cinq autres peintures représentant diverses allégories. Un autre autoportrait, longtemps attribué par erreur à Rosa Bonheur (1822-1899), est identifié en 2010 comme l’œuvre de E. Gaggiotti, après une restauration qui dévoile sa signature ; il est aujourd’hui conservé à la Galleria Palatina, à Florence, dans la section dédiée aux autoportraits.
La réputation internationale de E. Gaggiotti continue à croître. Ses peintures, témoignant d’une sensibilité raffinée inspirée du classicisme, éveillent l’intérêt du prince Albert, époux de Victoria, puis du roi de Prusse et futur empereur allemand Guillaume Ier, qui devient son principal mécène et lui commande de nombreuses œuvres. Grâce à ce soutien, elle peint un portrait de Napoléon III. Dans les années 1850, elle emménage à Berlin, où elle représente nombre de figures éminentes. Toutefois, après la mort de Guillaume Ier en 1888, ses relations avec la cour allemande s’affaiblissent et elle retourne en Italie.
Malgré les années passées à l’étranger, E. Gaggiotti reste étroitement liée à Rome. En 1853, l’écrivain Quirino Leoni mentionne un Portrait de la famille Gaggiotti (Rome, Museo di Roma, Gabinetto delle Stampe, MR 45594) qu’elle a envoyé à un ami romain dans un geste d’affection et d’attachement à ses racines. Au début des années 1870, elle réside Via Gregoriana et est admirée dans les cercles artistiques et littéraires de la ville, comme en témoignent des poèmes qui lui sont dédiés par Q. Leoni en 1855 et par Giuseppe Gioachino Belli.
Après avoir passé sa vie à Ancône, Rome, Londres, Berlin et Florence, E. Gaggiotti (Richards) s’installe finalement à Velletri, où elle meurt en 1912. Sa carrière longue et cosmopolite, traversant les frontières nationales, est un pont entre les traditions culturelles et un exemple remarquable d’accomplissement artistique féminin au XIXe siècle.
En collaboration avec le Museo di Roma – Palazzo Braschi dans le cadre d’AMIS : AWARE Museum Initiative and Support
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