Adieu à la Russie, Lidia Masterkova, cat. expo., galerie Dina Vierny, Paris (25 janvier – 25 février 1977), Paris, Galerie Dina Vierny, 1977
Lidia Masterkova, Striving upward to the real, Contemporary Russian Art Center of America, New York, 10 février – 17 avril 1983
→Vladimir Nemukhin. Facets of Formalism / Lydia Masterkova. Lyrical Abstraction, Moscow Museum of Modern Art, Moscow, 15 avril – 31 mai 2015
Peintre française.
Cette peintre d’origine russe est issue d’un milieu artistique. L’exposition du Festival mondial de la jeunesse à Moscou en 1957, montrant les recherches novatrices de l’Occident, donne une impulsion à ses premiers travaux, qui témoignent de son intérêt : « de Cézanne à la peinture française contemporaine, du Greco à la forme abstraite », selon ses propres mots. À la fin des années 1950, le style de Lidia Masterkova, qui pourrait être répertorié dans l’expressionnisme abstrait, fait d’elle l’une des premières abstraites soviétiques russes de la seconde moitié du XXe siècle. Elle fait partie du groupe de Lianozovo, qui réunit dans les années 1950-1970 des artistes non officiels, non conformistes, parmi lesquels les peintres Oskar Rabine et Vladimir Niémoukhine, son futur mari. Le couple représente la non-figuration, aux côtés de Lev Kropivnitski, entre autres. La peintre participe à des expositions qui font scandale : celle du Club de la chaussée des Enthousiastes, fermée deux heures après le vernissage en 1967 ; la désormais célèbre exposition dans le parc forestier Izmaïlovo en 1974, détruite par des bulldozers. En 1975, elle s’installe à Paris et restera en France jusqu’à sa mort.
Son œuvre se partage entre des tableaux à l’huile, des œuvres sur papier, mais aussi des collages, pour lesquels elle utilise de vieux tissus, de la dentelle, du brocart – matériaux provenant le plus souvent des églises. Elle travaille tout particulièrement par cycles (Planètes, 1976 ; Triptyques). Son installation Météorites est constituée de neuf compositions en trois groupes de trois tableaux. La peintre manifeste une prédilection pour la forme circulaire, dont elle puise le symbolisme chez Dante. En 2004, elle crée aussi sa « parade des planètes », des mandalas en série, à l’encre sur papier, dédiés à de grands écrivains russes. Ainsi, L. Masterkova a produit une abstraction hermétique, oscillant entre formes organiques polychromes et constructions à la palette plus ascétique, jamais rigides, en état de vibration constante. Son œuvre, d’une grande élégance formelle et d’une forte charge métaphysique, se distingue aussi par le mouvement lyrique et rythmique de son trait, proche de la musique. Selon un de ses amis poètes, Vsévolod Nékrassov, elle « peint orchestralement ».