Bausero, Cristina, Badaró, Enrique, Giunta, Andrea, Blanco, Mariela et Percovich, Mariana, Nelbia Romero: Una mujer, sus gritos y silencios, cat. exp., Juan Manuel Blanes, Montevideo (17 septembre – 27 octobre 2019), Montevideo, Museo Juan Manuel Blanes, 2019
→Giunta, Andrea, « Archives, Performance, and Resistance in Uruguayan Art under Dictatorship », Representations, vol. 136, no 1, automne 2016, p. 36-53
→Larnaudie, Olga (dir.), Nelbia Romero, cat. exp., Espacio Pedro Figari del Banco Central del Uruguay, Montevideo (15 août –16 octobre 2006), Montevideo, Banco Central del Uruguay, 2006
Nelbia Romero: Una mujer, sus gritos y silencios, Museo Juan Manuel Blanes, Montevideo, 17 septembre – 27 octobre 2019
→Radical Women: Latin American Art, 1960–1985, The Hammer Museum, Los Angeles, 15 septembre – 31 décembre 2017 ; The Brooklyn Museum, New York, 13 avril – 22 juillet 2018 ; Pinacoteca de São Paulo, São Paulo, 18 août – 19 novembre 2018
→Nelbia Romero, Sala Figari del Banco Central del Uruguay, Montevideo, 15 août –16 octobre 2006
Plasticienne et performeuse uruguayenne.
Nelbia Romero aborde les thèmes de la violence, de l’identité, du genre et de l’oppression dans sa pratique artistique, qui mêle force expressive et rigueur conceptuelle. Née dans une famille de propriétaires de Durazno, elle s’installe à Montevideo en 1962 pour étudier à la Escuela Nacional de Bellas Artes [École nationale des beaux-arts, ENBA]. Elle y suit les enseignements des artistes Eduardo Díaz Yepes (1910-1978), Antonio Llorens (1920-1995) et Octavio Podestá (1929-), ainsi que de la critique Celina Rolleri. Encouragée dans la voie des arts graphiques, N. Romero quitte l’ENBA en 1967 afin d’étudier les techniques de gravure et de dessin au prestigieux Club de Grabado de Montevideo [Club de gravure de Montevideo]. Les œuvres qu’elle crée pendant cette période sont présentées en 1976 dans sa première exposition individuelle à Estudio A, Galería Trocadero. À la même époque, elle entreprend des expérimentations avec des éléments audiovisuels pour une exposition collective à la Galería Losada intitulée Cuatro dibujantes, dans laquelle est montrée son œuvre Imagen y sonido I [Image et son I, 1976], qui obtient un prix.
L’intérêt multidisciplinaire de N. Romero pour l’image, le son et la corporalité s’amplifie lors de la dictature militaire de l’Uruguay (1973-1985), qui l’incite à aborder le thème de la violence cautionnée par l’État – à la fois dans le passé et à son époque – par le biais du corps humain. Cette nouvelle approche la conduit à créer une de ses installations célèbres, Sal-si-puedes [Sors si tu le peux, 1983], à la Galería del Notariado, à Montevideo. Mêlant musique, danse et photo-performance dans une installation multimédia, l’œuvre est inspirée par les recherches de N. Romero sur les Charrúa, un groupe autochtone massacré par l’armée uruguayenne en 1831. Le choix d’un sujet historique permet à l’artiste de formuler discrètement un commentaire sur la dictature à laquelle elle fait face, en reliant le génocide ethnique au contexte présent. Chose importante, ses engagements politiques s’étendent à tous les aspects de sa vie : de 1969 au début des années 1990, elle est membre du Parti communiste.
Dans les années suivant Sal-si-puedes, N. Romero continue à faire référence aux cultures, aux langages et aux histoires autochtones, qui ont été presque entièrement effacés des récits nationaux uruguayens. Parmi ces projets, on compte la performance Uru-gua-y (1990) ; un hommage à la mémoire de l’artiste cubain Juan Francisco Elso (1956-1988), Huellas y signos (de la fantasía a la realidad) [Empreintes et signes (du fantasme à la réalité), 1990] ; ainsi que les installations Garra charrúa [Griffe charrúa, 1992] et Más allá de las palabras [Au-delà des mots, 1992].
C’est à travers ces œuvres que Luis Camnitzer (1937-), artiste conceptuel uruguayen installé à New York, fait la connaissance de N. Romero. En 1992, il l’invite dans son atelier de Valdottavo, en Italie, où elle crée une série de photogravures et de dessins à l’encre, dont l’un – Paisaje sígnico [Paysage signe, 1992] – remporte le prestigieux Premio Figari en 2005. Sa renommée internationale s’épanouit grâce à sa participation à la Biennale de La Havane en 1986, en 1994 et en 2000, et à la Biennale de Mercosul en 2005. En 1994, elle reçoit une bourse de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, qui la fait venir à New York et qui donne lieu à l’installation Bye, Bye, Yauguru, ojo que no siente / corazón que no ve [Bye, bye, Yauguru, œil qui ne sent pas / cœur qui ne voit pas, 1995]. Les années suivantes, N. Romero réalise des projets et des expositions en collaborant avec des artistes comme Ana Tiscornia (1951-) et avec des commissaires telle l’historienne de l’art et photographe Alicia Haber (1946-).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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