Odeyé-Finzi Michèle, Solitude d’argile. Légende autour d’une vie. Sculpture de Seni Camara, Paris, L’Harmattan, 1994
Seni Awa Camara, galerie 39, Dakar, 1990
→Seni Awa Camara, galerie De Crescenzo & Visti, Rome, 2004
Sculptrice sénégalaise.
Seni Awa Camara fait partie de ces artistes introduits sur la scène de l’art contemporain africain en 1989 par l’exposition Magiciens de la terre et dont les œuvres furent acquises et diffusées par Jean Pigozzi, au lendemain de l’exposition. Comme plusieurs autres exposés en 1989, S. A. Camara ne destinait pas a priori sa production au marché de l’art international et les cantonnait plutôt à un marché local : celui du village casamançais de sa naissance, Bignona. Si elle y réside toujours, S. A. Camara exporte aujourd’hui ses sculptures de par le monde. Oscillant entre l’artisanat et l’art naïf, ses créations sortent tout droit de l’imagination de l’artiste, sans que celle-ci n’en justifie d’ailleurs les origines, le sens ou les interprétations possibles. Prenant la forme de créatures étranges, parfois bicéphales, souvent construites à partir d’un tronc commun sur lequel apparaissent de multiples corps d’enfants ou d’animaux, ses sculptures évoquent des scènes de maternité, puisent dans l’univers naturel casamançais, ainsi que dans un bestiaire large.
À un répertoire plutôt symbolique (lézards, singes, crocodiles, grenouilles) viennent s’ajouter des animaux issus de l’univers du quotidien comme les chevaux ou les cochons, par exemple. Des personnages juchés sur une moto ou un tracteur apparaissent aussi parfois. Les détails s’accumulent pour donner un effet de masse parfois inquiétant à des personnages qui allient au monstrueux, le fantastique ou l’humoristique. Initiée à la sculpture par sa mère et sa grand-mère, S. A. Camara modèle ses personnages et les cuit à basse température dans un four à ciel ouvert, dans la cour de sa maison. Une technique rudimentaire qui lui permet de donner corps à des visions étonnantes, aujourd’hui diffusées de par le monde.