Taubhorn, Ingo, Voigt, Jutta, Voss, Sonia, Sibylle Bergemann: 1941-2010. Zum 75. Geburtstag, Heidelberg, Kehrer, 2016
→Fischer, Arno, Heise, Bernd, Voigt, Jutta, von Wild, Frieda, Sibylle Bergemann. Die Polaroids, Ostfildern, Hatje Cantz, 2011
→Schubert, Renate et al., Sibylle Bergemann: Photographien, Heidelberg, Edition Braus, 2006
Sibylle Bergemann. Photographien, Akademie der Künste, Berlin, novembre 2006 – janvier 2007 ; exposition itinérante dont Multimedia Art Museum, Moscou, Russie, mars – avril 2009 ; Rosphoto, Saint-Pétersbourg, Russie, avril – mai 2014 ; IFA (Institut für Auslandsbeziehungen), Stuttgart, juin – juillet 2014 ; National Gallery of Modern Art, New Delhi, novembre 2015 – janvier 2016 ; Museo de Arte Contemporáneo de Oaxaca, Mexico, avril – juillet 2017 ; Institut Français, Prague, septembre – octobre 2019
→Sibylle Bergemann. Polaroids, C/O Berlin, Berlin, juillet – septembre 2011
→Sibylle Bergemann. Verblassende Erinnerungen, Museum für Photographie, Braunschweig, janvier – avril 2007
Photographe allemande.
Après une formation en gestion d’entreprise, Sybille Bergemann est embauchée à la rédaction de Das Magazin. C’est là qu’elle découvre la photographie, qui deviendra plus tard son moyen d’expression privilégié. Sa rencontre en 1965 avec Arno Fischer (1927-2011), l’un des photographes les plus renommés d’Allemagne de l’Est, est déterminante pour cette autodidacte : compagne de toute une vie, S. Bergemann, après avoir été son élève, devient sa conseillère, sa critique, son soutien et sa source d’inspiration. Dans leur appartement de Berlin-Est se rencontrent intellectuelles, intellectuels et artistes, ainsi que des photographes étrangères et étrangers de passage en RDA, comme Henri Cartier-Bresson (1908-2004), Josef Koudelka (1938-), Robert Frank (1924-2019) et Helmut Newton (1920-2004). S. Bergemann co-fonde le groupe Direkt (1966-1980), qui cherche à établir de nouvelles normes photographiques pour le milieu journalistique de la RDA. Elle commence à travailler en tant que photographe pigiste en 1967, notamment pour des magazines artistiques et culturels comme Sonntag et Sibylle.
S. Bergemann explore, découvre et éprouve les limites, animées par une profession de foi : « Je m’intéresse à la marge du monde, pas au centre. Ce qui me préoccupe, c’est le non échangeable, lorsque quelque chose cloche dans un visage ou un paysage ». Quiconque s’efforce de concevoir ce qu’était la vie en Allemagne de l’Est, les espoirs, les désirs et les soucis de la population, ne peut passer à côté ses photographies. Son regard « littéraire » reflète des traces de vies, de manière parfois éthérée, parfois tranchante, mais toujours avec sensibilité et réflexion. C’est l’intuition qui mène la danse dans toutes ses séries de photos, qu’il s’agisse de mode, de portraits, d’architecture ou de photographie urbaine. Le style laconique de S. Bergemann est porteur d’une franchise, d’un engagement et d’une subtile ironie qui touche encore les spectateurs et spectatrices aujourd’hui. Les femmes et les chiens font partie de ses sujets de prédilection. Elle appelle ses photographies de mode des portraits : en effet, celles-ci servent souvent à évoquer d’autres sujets, comme la dégradation écologique de la RDA (Birgit Karbjinski, Berlin, 1984) ou l’image officielle de la population des pays socialistes (Marisa und Liane, Sellin [Marisa et Liane, Sellin], 1981). La commande Das Denkmal [Le monument] est la plus emblématique de l’œuvre de S. Bergemann : cette série sur l’érection du monument à Marx et Engels dans le quartier de Mitte à Berlin, réalisée entre 1975 et 1986, montre des figures flottantes, sans tête, voilées et ligotées. De ce fait, les spécialistes l’interprètent comme une prémonition de la chute de la RDA. Berlin est son sujet tout au long de sa vie ; la photographe enregistre sans discontinuer l’évolution des paysages de sa ville, par exemple dans Schöneweide, Berlin (1972), Dog at the Berlin Wall After Its Opening, Berlin [Chien devant le mur de Berlin après son ouverture, Berlin, 1989] et Mauerpark, Berlin (1996). Plus tard, la couleur devient un élément stylistique de ses photographies, créant des images extasiées qui proclament des réalités nouvelles, comme le Polaroid sait le faire.
En 1990, S. Bergemann cofonde l’agence de photographes Ostkreuz afin d’élaborer une stratégie de survie pour la profession ; il s’agit aujourd’hui d’une des plus importantes agences d’Allemagne gérée par des photographes. Elle entre à l’Académie des arts en 1994. En outre, S. Bergemann est l’une des photographes est-allemandes les plus estimées : elle a travaillé pour des magazines aussi reconnus que GEO, DIE ZEIT, Stern et le New York Times Magazine et l’on trouve ses photographies dans des collections du monde entier, dont celles du MOMA à New York et de la Tate à Londres.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring