Cecilia Gamberini, Sofonisba Anguissola, Londres, Lund Humphries, 2024
→Ilya Sandra Perlingieri, Sofonisba Anguissola : femme peintre de la Renaissance, trad. de l’anglais par Michelle Herpe-Voslinsky, ouvrage publié avec le concours du Centre national du livre, Paris, Liana Levi, 1992
→Maria Kusche, « Sofonisba Anguissola en España retratista en la corte de Felipe II junto a Alonso Sanchez Coello y Jorge de la Rua », Archivo Español de Arte, no 248, 1989, p. 391-419
Sofonisba Anguissola : Portraitist of the Renaissance, Rijksmuseum Twenthe, Enschede, 11 février-11 juin 2023
→A Tale of Two Women Painters : Sofonisba Anguissola and Lavinia Fontana, Museo nacional del Prado, Madrid, 22 octobre 2019-2 février 2020
→Sofonisba Anguissola e le sue sorelle, Centro culturale Santa Maria della Pietà, Crémone, 17 septembre-11 décembre 1994 ; Kunsthistorisches Museum, Vienne, janvier-mars 1995 ; National Museum of Women in the Arts, Washington, avril-juin 1995
Peintre italienne.
Capable de saisir la fragilité naturelle d’un instant, Sofonisba Anguissola est connue pour son extraordinaire carrière de portraitiste. Fille d’Amilcare Anguissola et de Bianca Ponzoni, nobles de la ville de Crémone et parents de six filles et d’un garçon, elle grandit dans un environnement familial favorable à l’instruction des filles et, à l’instar de ses sœurs, elle est éduquée à la musique, à la danse, à la littérature, au dessin et à la peinture. A. Anguissola, homme de culture, soutient la disposition artistique de ses filles et envoie Sofonisba et sa sœur Elena – qui choisira ensuite la vie monacale – en apprentissage auprès de deux peintres de renom, Bernardino Campi (1522-1591) de 1546 à 1549 et Bernardino Gatti, dit Sojaro (1495-1576), jusqu’en 1551. Les deux maîtres initient S. Anguissola à la peinture à l’huile et aux mélanges des pigments, aux compositions dévotionnelles et à l’art du portrait. C’est dans ce genre que la jeune fille excelle : les portraits des membres de sa famille (Portrait des sœurs de l’artistes jouant aux échecs, 1555 ; Portrait de famille de Minerva, Amilcare et Asdrubale Anguissola, vers 1558-1559) et ses autoportraits de jeunesse, de structure simple, illustrent son habileté dans le rendu des expressions et de l’apparence physique naturelle (Autoportrait, 1554).
Le père de S. Anguissola fait connaître le talent de cette dernière auprès de la cour des Este à Ferrare et de celle des Gonzague à Mantoue, ainsi qu’à Parme et à Rome. Il n’hésite pas à envoyer à Michel-Ange (1475-1564) des dessins de sa fille (Asdrubale pincé par une écrevisse, vers 1554). Le maître, bienveillant, l’encourage à poursuivre une activité artistique généralement réservée aux hommes. En 1559, S. Anguissola est invitée à rejoindre la cour de Philippe II d’Espagne comme dame d’honneur de la jeune reine Élisabeth de Valois afin de lui enseigner le dessin et la peinture. Suivant les conseils d’Alonso Sánchez Coello (vers 1531-1588), peintre officiel au service de la monarchie espagnole, elle exécute de nombreux portraits en adaptant son style italien aux principes codifiés pour représenter les membres de la cour (Philippe II, vers 1573 ; Élisabeth de Valois tenant un portrait de Philippe II, vers 1561-1562).
Après la mort de la reine en 1568, S. Anguissola continue à jouir de l’estime et de la reconnaissance de la cour d’Espagne en tant que portraitiste. Mariée par le roi en 1573 avec un noble sicilien, Fabrizio de Moncada, elle retourne en Italie après quatorze ans d’absence et s’installe en Sicile, entre Palerme et Paternò. Veuve dès 1578, elle se fait aider par son frère Asdrubale pour gérer des affaires financières qui l’opposent à la famille de son défunt mari et décide de quitter la Sicile. Lors du voyage de retour vers Crémone, S. Anguissola rencontre le capitaine de marine Orazio Lomellino, avec qui elle se marie en 1580 malgré l’avis contraire de son frère. Le couple s’installe d’abord à Gênes, où l’artiste est influencée notamment par les œuvres de Luca Cambiaso (1527-1585). Son tableau La Sainte Famille avec sainte Anne et le petit saint Jean Baptiste (1592) est exemplaire d’un intérêt nouveau porté aux effets dramatiques de lumière issus du chromatisme contrasté du peintre génois.
À partir de 1615, S. Anguissola et son mari résident à Palerme. C’est dans cette ville, entre 1624 et 1625, qu’elle reçoit la visite du jeune peintre Antoon van Dyck (1599-1641). L’artiste flamand, qui en esquisse un portrait, la décrit âgée de quatre-vingt-seize ans, l’esprit alerte et la mémoire vive, et, bien que désormais aveugle, encore disponible à donner des conseils sur la peinture.
Une notice réalisée en partenariat avec le musée du Louvre.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025