Laura Rascaroli, « Narration: Epistolarity and Lyricism as Argumentation », in How the Essay Film Thinks, New York et Oxford, Oxford University Press, p.143-163.
→Philippa Lovatt, « Foraging in the ruins: Nguyễn Trinh Thi’s mycological moving-image practice », Screen, Volume 62, no 4, hiver 2021, p. 559–567
→M. A. Ingawanij, « Aesthetics of Potentiality: Nguyen Trinh Thi’s Essay Films », in Reynolds, L. (dir.) Women Artists, Feminism and the Moving Image, Londres, Bloomsbury Academic, 2019, p. 151-164.
How to Improve the World, espace d’exposition Manzi, Hanoï, décembre 2020-janvier 2021
→Fifth Cinema, Institut d’art de Minneapolis, Minneapolis, septembre 2019-mars 2020
→Letters from Panduranga, daadgalerie, Berlin, février 2016-mars 2016
Cinéaste et artiste multimédia vietnamienne.
Trinh Thi Nguyen est une cinéaste et artiste multimédia vietnamienne, figure clé du cinéma indépendant vietnamien et créatrice parmi les plus audacieuses et expérimentales de l’après-guerre dans son pays.
T. Nguyen est d’abord venue à l’image animée grâce à son intérêt de longue date pour le journalisme et l’étude des langues étrangères. Elle est titulaire d’un bachelor de russe et d’anglais de l’Université d’études étrangères d’Hanoï, d’un master de journalisme de l’Université de l’Iowa et d’un master en relations internationales de l’Université de Californie-San Diego. Lors de son séjour aux États-Unis, sa découverte de la photographie et des documentaires ethnographiques marquent un tournant décisif dans sa carrière et la pousse à s’engager résolument sur la voie du langage cinématographique.
Son premier film, Love Man Love Woman (2007) puise à ces sources d’inspiration éclectiques pour mettre en vedette Maître Luu Ngoc Duc, l’un des médiums les plus célèbres d’Hanoï, montrant ainsi que le culte vietnamien des déesses-mères constitue un havre de paix communautaire pour les homosexuels dans une société par ailleurs homophobe.
Avec ses projets ultérieurs, T. Nguyen se fait connaître pour ses expérimentations personnelles et poétiques avec l’image animée, traitant souvent de l’histoire complexe du Viêt Nam avant et après 1975. Dans ses œuvres, des prises de vue originales, des photographies de presse, des archives et des clichés tirés de la culture populaire trouvent une vie nouvelle au sein du langage de montage caractéristique de l’artiste. Par son traitement de séquences tirées des obsèques d’un poète tombé en disgrâce auprès du pouvoir, Mùa xuân đến mùa đông sau [Le Printemps vient l’hiver d’après, 2008] illustre la démarche multimodale de l’artiste et contextualise les vidéos comme un lieu de confrontations avec les vérités tues de la société vietnamienne contemporaine. Sur cette lancée, Biên niên sử của một băng ghi lại [Chronique d’une cassette réenregistrée, 2010] et Những lá thư Panduranga [Lettres de Panduranga, 2015], explorent les potentiels discursifs de la création collaborative d’images sur le terrain. À la même époque, T. Nguyen s’essaie également à l’installation vidéo et à la performance, par exemple dans UNSUBTITLED (2010) et SOLO for a CHOIR (2013).
Les thèmes de l’oubli, du souvenir, de la mémoire héritée et de l’amnésie volontaire émergent dans d’autres œuvres aux limites du genre. Dans Vietnam The Movie (2016), T. Nguyen livre un propos cinglant sur le rôle de la culture visuelle dans la mémoire collective dans son pays natal et sur celui-ci. Sa dernière réalisation, And They Die a Natural Death (2023), porte sur le traumatisme de la détention politique et s’inspire du roman autobiographique de l’écrivain Bui Ngoc Tan (1934–2014) intitulé Chuyện kể năm 2000 [« Conte de l’an 2000 », 2000], encore censuré aujourd’hui.
Au cours de sa carrière éclectique, T. Nguyen a donné une place au cinéma vietnamien indépendant au sein de l’art contemporain mondial. Au-delà de sa carrière de cinéaste et d’artiste multimédia indépendante, T. Nguyen est aussi considérée comme une grande défenseuse du cinéma indépendant et des expressions artistiques au Viêt Nam. En 2009, elle fonde Hanoi Doclab, un centre pour favoriser l’innovation et la convivialité dans le domaine du cinéma et de l’image animée à Hanoï.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023