Peintre, dessinatrice et designer russe.
Véra Efimovna Pestel se forme, entre autres, auprès du peintre hongrois Simon Hollosy à Munich, entre 1909 et 1911. Elle voyage par la suite à travers l’Allemagne, l’Italie, la France. En 1912-1913, elle est l’élève de Le Fauconnier et de Metzinger à La Palette à Paris. Vers 1915-1916, ses toiles sont proches de l’alogisme de Malévitch : profusion de plans géométriques et d’éléments hétéroclites (chiffres, lettres, fragments d’objets). Sous l’influence du suprématisme, elles deviennent de plus en plus abstraites et se distinguent par une grande sensibilité colorée et la finesse des constructions. Elle participe à la Dernière exposition futuriste de tableaux 0, 10 en 1915 à Pétrograd – là où apparaît pour la première fois « le suprématisme de la peinture » de Malévitch –, ainsi qu’à l’exposition Magasin, organisée par Tatline à Moscou. Elle ne fera jamais le saut dans l’abstraction sans objet, radicale, et introduira le plus souvent sur les surfaces de ses tableaux, où toute stéréométrie est bannie, des éléments concrets : à côté d’éventails de quadrilatères dans des tonalités marron, noires et grises se trouvent, tels des collages, des lettres de l’alphabet cyrillique, voire des fragments d’instruments musicaux, héritage du cubisme européen.
Après les révolutions de 1917, V. Pestel fait partie de la Fédération de gauche (c’est-à-dire d’avant-garde) de l’Union des artistes moscovites. Au cours de cette période, elle conçoit une œuvre que l’on pourrait qualifier de « cubofuturiste-suprématiste ». Dans les années 1920 et jusqu’à sa mort, elle abandonne la non-figuration et se consacre au design théâtral. En 1922, elle montre 17 cartes à jouer à la célèbre Erste Russische Kunstausstellung de la galerie van Diemen à Berlin. En 1925, elle participe à la septième exposition du groupe L’Araignée à la galerie Devambez à Paris, consacrée aux « caricaturistes soviétiques », qui est, en fait, une exposition de dessins. Elle se joint, entre 1922 et 1926, au groupe figuratif de tendance spiritualiste Makoviets, qui proclame notamment que « la renaissance de l’art n’est possible que dans une stricte continuité avec les maîtres du passé et dans la résurrection effective de ce qu’il y a en lui de vivant » (Tchékryguine).