4 “Bauhausmädels”: Gertrud Arndt, Marianne Brandt, Margarete Heymann, Margaretha Reichardt [4 « filles du Bahaus », Gertrud Arndt, Marianne Brandt, Margarete Heymann, Margaretha Reichardt], Angermuseum, Erfurt, mars – juin 2019
→Alfred Arndt, Gertrud Arndt : zwei Künstler aus dem Bauhaus [Alfred Arndt, Gertrud Arndt : deux artistes du Bauhaus], Museum Ostdeutsche Galerie, Regensburg, juin-juillet 1991
Artiste textile et photographe allemande.
Esprit rebelle dès son adolescence, Gertrud Arndt (née Hantschk), a une vision claire de la position qu’elle veut occuper dans la vie en tant que femme moderne. En refusant la place que la société traditionnelle lui attribue, G. Arndt rêve de devenir architecte. En 1919, elle commence son apprentissage auprès de Karl Meinhardt, architecte installé à Erfurt. Elle fait principalement du travail de dessin, ainsi que du secrétariat, mais cette expérience lui permet d’approcher au plus près cette profession désirée, tout en lui apportant beaucoup de connaissances, notamment en design intérieur. De la même époque date sa rencontre avec les œuvres de Paul Klee (1879-1940) et de Vassily Kandinsky (1866-1944), exposées dans le musée d’Erfurt. Le directeur du musée lui suggère de rejoindre le Bauhaus à Weimar et lui obtient une bourse de la ville.
G. Arndt s’inscrit au Bauhaus après la grande exposition de 1923 et la présentation de la maison Haus am Horn. Sa déception est grande lorsqu’elle apprend que ses connaissances de l’architecture ne sont pas jugées suffisantes par l’école et qu’elle doit intégrer la classe préparatoire. Elle suit les cours de dessin d’Adolf Meyer, mais étant la seule femme, elle ne s’y sent pas à l’aise. C’est la raison pour laquelle elle se laisse convaincre de s’inscrire dans l’atelier de tissage, même si elle n’a jamais ressenti une affinité pour ce métier.
Très vite, elle trouve sa place en tant que l’une des principales créatrices de tapis dans l’atelier, aux côtés de Benita Koch-Otte (1892-1976). Son deuxième tapis est même installé dans le bureau du directeur Walter Gropius, une véritable reconnaissance. Ce tapis, aujourd’hui reconstitué grâce aux dessins préparatoires intégralement conservés, est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de G. Arndt, l’aboutissement de ses recherches dans le prolongement des théories de P. Klee.
En 1927, peu de temps avant son mariage avec Alfred Arndt, elle rédige un contrat de mariage original. Remarquable par son ironie envers les rôles traditionnels dans le couple, mais aussi par le fort accent porté sur l’égalité entre les partenaires, ce document reflète les positions de l’artiste.
Lorsqu’A. Arndt est nommé maître au Bauhaus de Dessau en 1929, elle entame un questionnement sur la féminité à travers sa série désormais emblématique de 43 autoportraits masqués. En se mettant en scène, en adoptant des rôles féminins divers, G. Arndt signe un corpus d’images qui interroge le statut de la femme dans la société.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021