Powers, Sophia, Rahaab Allana et Singh Johal, Rattanamol, In Focus: Seven Lives and a Dream, in Tate Research, juillet 2021
→Sangari, Kumkum (dir.), Arc Silt Dive: The Works of Sheba Chhachhi, Mumbai / New Delhi, Tulika Books in association with Volte Gallery, 2016
→Nagy, Peter (dir.), Women of the cloth: Photographic Conversations, Sheba Chhachhi, New Delhi, Nature Morte, 2007
In Our Own Backyard, Asia Art Archive, Hong Kong, 20 mars – 30 août 2025
→Temporal Twists: A Subversive Metalogue, Volte Art Gallery, Dubai, 1 février – 31 mars 2023
→Ganga’s Daughters: Meetings with Women Ascetics, 1992-2002 ; Neelkanth (Blue Throat): Poison/Nectar ; and When the Gun is Raised, Dialogue Stops: Women’s Voices from the Kashmir Valley (with Sonia Jabbar), Townsend Center for the Humanities, UC Berkeley, Berkeley, février, 2005
Artiste pluridisciplinaire indienne.
L’œuvre de Sheba Chhachhi embrasse de nombreux médiums, de l’installation immersive à la photographie, du texte à la vidéo. Sa formation est tout aussi diverse : elle commence par étudier l’économie à la Delhi University (1977), avant d’être diplômée en communication sociale à Chitrabani (1978), à Calcutta, puis d’étudier la communication visuelle et le graphisme au National Institute of Design, à Ahmedabad (1979). Son engagement proactif dans les mouvements pour les droits des femmes en Inde au début des années 1980 catalyse ses recherches au long cours sur l’« image documentaire » et ses questionnements autour de l’éthique de la représentation photographique.
Parmi ses premières photographies figure une série sur Subadhra (1979) – une ascète originaire d’Ahmedabad –, qui présage une exploration photographique sur le long terme du thème des renonçantes. S. Chhachhi développe une pratique profondément féministe et militante : elle photographie les cortèges de manifestations contre les dots et participe à des spectacles de rue visant à éveiller les consciences, comme Om Swaha (1980-1991). Au sein de Lifetools, un atelier de design social fondé en 1980 avec Jogi Panghaal (né en 1954), elle crée de manière collaborative des affiches destinées à être utilisées dans les manifestations contre l’oppression patriarcale, un mal profondément enraciné, et à réclamer la justice pour celles victimes de violence en raison de leur genre. Au cours des années 1980, elle est aussi membre fondatrice et participante active d’organisations telles que Jagori et Saheli.
L’éthique de la production d’image est un important sujet de recherche pour S. Chhachhi. Rejetant l’illusion de la vérité objective entretenue par les médias mainstream comme par les documentaristes, elle passe au portrait mis en scène, où la subjectivité interprétative est rendue explicite. Dans Seven Lives and a Dream (1980-1991), œuvre qui a aujourd’hui intégré de nombreuses collections muséales importantes (Tate, MoMA, Metropolitan Museum of Art), elle revisite ses propres images du mouvement pour les droits des femmes, environ une décennie après leur création, en invitant sept des protagonistes clefs au sein de ses archives, afin de mettre en scène leur propres portraits (1991). Organisés en groupes d’images correspondant chacun à une femme, ces portraits d’archives et posés donnent lieu à une représentation complexe de chaque sujet dans ses multiples facettes.
S. Chhachhi est une pionnière de l’art de l’installation en Asie du Sud. Dans Wild Mothers I: The Wound is the Eye (1993) et Wild Mothers II: The Mirror is the Witness (1994), elle produit des strates constituées de sculptures en terre cuite réalisées à la main, de photographies, d’images d’archives et de textes, encourageant le public à naviguer physiquement à travers des récits et des histoires multiples.
L’œuvre de S. Chhachhi témoigne aussi de son souci profond de l’écologie, de l’urbanisme et des systèmes de savoir prémodernes. Dans le cadre du festival d’art 48 Degrees Celsius, Public. Art. Ecology, elle propose l’installation The Water Diviner (2008) dans la piscine désaffectée de la Delhi Public Library, bâtiment datant de l’ère coloniale. S’inspirant du bâton de sourcier, elle crée un environnement immersif avec des livres anciens, des boîtes lumineuses et des projections vidéo qui invoquent les mythologies et les souvenirs de l’eau, dans cette capitale riveraine aux prises avec la crise écologique.
S. Chhachhi est lauréate du prix du jury pour l’art contemporain en Asie décerné par le Singapore Art Museum (2011) et du prix Thun for Art and Ethics remis par le Kunstmuseum Thun, en Suisse (2017). Elle vit et travaille à New Delhi, en Inde.