Rapaport Brooke Kamin, « Shinique Smith and the Politics of Fabric », Sculpture Magazine, 15 juin 2021
→Smith Shinique, « Flower of my Heart: Reflection on a Collage », LALA Magazine Summer, 2020
→Vankin Deborah, « Shinique Smith’s Refuge explores shelter, homelessness and the excess of our stuff », Los Angeles Times, 13 juin 2018
Shinique Smith: Grace Stands Beside, The Baltimore Museum of Art, Baltimore, 1 mars 2020 – 3 janvier 2021
→Shinique Smith: Refuge, California African American Museum (CAAM), Los Angeles, 14 mars – 9 septembre 2018
→Shinique Smith: Bright Matter, Museum of Fine Arts, Boston, 23 août 2014 – 1 mars 2015
Sculptrice et peintre états-unienne.
Shinique Smith commence sa carrière en tant que graffeuse au lycée puis se forme à la peinture et au dessin au Maryland Institute College of Art de Baltimore, dont elle sort diplômée en 2003. Elle se tourne ensuite vers la sculpture.
Empreint d’une forte dimension spirituelle inspirée par l’hindouisme et le bouddhisme, le travail de S. Smith met en jeu une forme de transcendance des objets du quotidien – elle parle de sa pratique comme d’une « méditation frénétique ». Ses fameuses sculptures empaquetées (bundles), suspendues ou posées à même le sol, sont réalisées en amassant des étoffes hétérogènes, le plus souvent des vêtements usés, maintenues ensemble par des cordes et des rubans. Dans les replis ainsi formés sont nichés des objets de la vie quotidienne (fleurs, peluches, jouets, photographies, etc.). Tous ces éléments remployés sont porteurs d’une mémoire qui nous relie : celle de l’artiste, de ses proches, d’inconnu·e·s ou de communautés, mais aussi celle de périodes de l’histoire de la mode et de la culture populaire, de l’enfance et de l’adolescence, des sentiments et des appartenances diverses de chaque individu… Selon l’artiste, ils créent ensemble une « coupe de temps, de lieu et de signification » dont les potentialités artistiques sont multiples.
La série des Bale Variants (vers 2005-2019) imite les ballots compressés de vêtements de seconde main envoyés dans les pays défavorisés et propose un commentaire sur la consommation et les relations créées par la globalisation. Les bundles suspendus ont une connotation plus immatérielle et semblent parfois investis d’une efficacité protective ou votive (Talisman for Eternal Delight, 2016) : comme beaucoup d’œuvres de l’artiste, ils ont le caractère poétique d’un charme invoquant amour, grâce ou encore pardon. Enfin, lors de plusieurs performances, S. Smith a humanisé la forme de ses sculptures, faisant d’elles des corps équivoques qui dérangent et déplacent les catégories habituelles de genre, de race ou de validité par ce que Renate Lorenz a appelé un « drag radical » (Untitled (Rodeo Beach Bundle), 2007).
S. Smith développe aussi une pratique picturale. Dans ses œuvres peintes, elle mêle des gestes amples et expressifs, rappelant la calligraphie islamique ou japonaise, et des tissus collés pour créer des sortes de déflagrations colorées qui déploient leur écriture à partir d’un point d’origine. La couleur, souvent éclatante, y joue un rôle psychologique positif et les compositions dynamiques suggèrent tour à tour liberté, abondance ou méditation. L’artiste présente le plus souvent ses peintures et sculptures ensemble, et les fait systématiquement dialoguer avec l’espace qu’elles investissent comme installation au sein du musée (No Dust, No Stain, 2007) ou comme art public (Only Light, Only Love, 2017). S. Smith crée ainsi des sortes de sanctuaires, le plus souvent temporaires, qui chargent symboliquement l’espace et nous permettent de (re-)découvrir et d’imaginer autrement les relations qui unissent les objets, les lieux et les humains.
Les œuvres de S. Smith sont présentes dans plusieurs grandes collections états-uniennes, telles que celles du Whitney Museum of American Art de New York ou du Museum of Fine Arts de Boston. L’artiste a reçu plusieurs récompenses prestigieuses, notamment le prix de la fondation Anonymous Was A Woman en 2016.