Cet ouvrage fait suite à la tenue d’un colloque international pluridisciplinaire organisé les 19 et 20 septembre 2019 au Centre Pompidou et au musée d’Orsay, à Paris, en partenariat avec l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions). Intitulé Faire œuvre. La formation et la professionnalisation des artistes femmes aux XIXe et XXe siècles, le colloque entendait dresser un état actuel de la recherche sur l’accession des artistes femmes aux structures d’enseignement, en France et à l’étranger, qu’il s’agisse des ateliers, des académies privées ou des écoles publiques.
Cet article avance l’hypothèse selon laquelle l’anticonformisme de Frances Hodgkins, que ce soit dans sa propre éducation ou dans sa pratique de l’enseignement, a fait obstacle à sa reconnaissance et a nui à son héritage artistique. La majorité de ses contemporain·e·s souscrivaient aux doctrines rigides de la vie institutionnelle et académique et ne se distinguaient qu’au sein de leurs propres réseaux. L’autrice soutient que F. Hodgkins devait son statut d’outsider au fait qu’elle avait étudié en dehors du système anglais. En effet, les académies d’art du XXe siècle étaient inexistantes dans les régions les plus isolées. Or ces institutions faisaient autorité et étendaient leur monopole à la totalité du réseau de l’art moderne en Angleterre. Tou·te·s celles·ceux qui ne souhaitaient pas rejoindre ces académies en étaient souvent exclu·e·s. À cause de ses modestes revenus, F. Hodgkins devait constamment lutter pour maintenir sa carrière artistique à flot et dut donc se tourner vers l’enseignement jusqu’à ce qu’elle atteigne enfin une certaine sécurité financière, à soixante ans passés, suite à son premier contrat avec une galerie.