Patrick Gilles Persin, Huguette Arthur Bertrand, Paris, Galerie Diane de Polignac, 2012
→Paul Bernard-Nouraud, Huguette Arthur Bertrand, Paris, Galerie Convergences, 2021
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Michel Ragon, Huguette Arthur Bertrand, Paris, Éditions Porte du Sud/Galarté, 1987
Huguette Arthur Bertrand, Paris, Galerie Convergences, 4 – 26 septembre 2021
→Huguette Arthur Bertrand : La peinture exaltée. Peintures et collages des années 1960, Galerie Diane de Polignac, Paris, 10 septembre – 6 octobre 2020
→Femmes années 50. Au fil de l’abstraction, peinture et sculpture, Musée Soulages, Rodez, 14 décembre 2019 – 10 mai 2020
Peintre française.
Huguette Arthur Bertrand est issue d’une famille d’origine méridionale et stéphanoise, mais, à sa naissance, son père, fonctionnaire, exerce dans la ville d’Écouen (Val-d’Oise). Elle passe son enfance et son adolescence à Roanne (Loire), où elle fait ses études primaires et secondaires. On manque d’informations sur ses premiers émois et envies artistiques ; elle n’en est pas moins lauréate du concours général de dessin en 1936 et 1937. On connaît quelques œuvres de jeunesse, figuratives, dès 1942. Elle s’installe à Paris en 1945 et suit des cours à l’École des beaux-arts, où elle rencontre Oscar Gauthier (1921-2009), qui, plus tard, en racontera quelques souvenirs festifs, rappelant l’humour d’H. Arthur Bertrand et les grands moments de rire partagé. La jeune femme s’inscrit également à l’atelier de la Grande Chaumière. Lauréate d’une bourse d’études, elle part pour Prague à l’automne 1947, où elle rencontre le peintre Joseph Sima (1891-1971) et y a sa première exposition personnelle.
Très tôt, dès son retour en France, H. Arthur Bertrand s’illustre parmi les premier·ère·s représentant·e·s de l’art abstrait, désigné·e·s sous l’appellation de Nouvelle École de Paris. Elle participe alors aux deux expositions Les Mains éblouies à la galerie Maeght, dont Michel Ragon est le commissaire. Ces œuvres figurent aussi au Salon de mai, manifestation à laquelle elle reste fidèle de nombreuses années. Après s’être définitivement éloignée de la figuration, elle subit l’influence de son aîné Hans Hartung (1904-1989) – mais, très vite, sa peinture s’affirme dans toute son originalité.
« Ce que je veux réaliser, c’est à la fois diviser l’espace et le recréer, le rendre contradictoirement morcelé, mouvant, par un procédé linéaire qui déchire la forme sans la nier », déclare-t-elle dans des termes repris par Michel Seuphor (1901-1999) dans son Dictionnaire de la peinture abstraite, paru en 1957. H. Arthur Bertrand est alors reconnue comme une peintre majeure de sa génération. Elle a entretemps rejoint la galerie Arnaud, qui défend les meilleur·e·s artistes abstrait·e·s. Son fondateur, Jean-Robert Arnaud, est par ailleurs à l’origine de la revue Cimaise ; H. Arthur Bertrand en fait plusieurs fois la couverture. Elle fait aussi la connaissance des critiques Charles Estienne, Roger van Gindertael et Herta Wescher. En 1955, elle reçoit le prestigieux prix Fénéon, qui lui donne une aura internationale, et expose alors à Copenhague, La Havane, Bruxelles et New York.
Dans les années 1950, sa peinture s’affirme dans une esthétique clarifiée, faite de réseaux de lignes, tantôt parallèles mais vite brisées dans des mouvements singuliers, devenant de moins en moins géométriques et de plus en plus dynamiques ; les impulsions deviennent plus libres, tout ceci dans des tons ocre, bleu, rouge, soutenus par des noirs fulgurants. H. Arthur Bertrand se tourne également vers le collage. Elle en compose de nombreux et poursuit cette technique. Elle pratique également la gravure, entre autres chez Lacourière, célèbre atelier parisien. Dans sa peinture, les années suivantes, les rainures et traces noires vont s’estomper, laissant la place à des taches où la couleur orange domine ; son œuvre va ainsi devenir plus fluide, plus transparente et d’une poésie plus douce.
Dans sa jeunesse à Roanne, H. Arthur Bertrand a été en contact avec l’industrie textile et, dans ses collages, elle utilise beaucoup de tissus. Est-ce ce qui est à l’origine de son engouement pour la tapisserie ? Elle pratique intensément cette technique dans les années 1970, travaillant avec plusieurs lissiers à Aubusson ou à l’Atelier 3. Elle y garde une grande liberté, travaillant sans carton préétabli, seulement à partir de petites gouaches. Cette époque est à tous points de vue fructueuse et lui vaut de nombreuses commandes publiques.
H. Arthur Bertrand s’éteint à Paris en 2005. Ses œuvres figurent aujourd’hui dans de nombreux musées français ou étrangers.