English Silver by Hester Bateman and Other Makers from the Mrs. E. Claiborne Robins Collection, Richmond, Virginia Museum of Fine Arts, 2001
→David S. Shure, Hester Bateman: Queen of English Silversmiths, New York, Doubleday & Company, 1959
→English Silver, XVIII Century by Hester Bateman, Cambridge, Fogg Museum of Art, 1948
Hester Bateman: Setting the Table for Female Enterprise, Birmingham Museum of Art, Birmingham, 5 juin 2014-4 janvier 2015
→Hester Bateman Silver, Norton Simon Museum, Pasadena, 21 février-29 mars 1961
→English Silver, XVIII Century by Hester Bateman, Fogg Museum of Art, Harvard University, Cambridge, juin-décembre 1948
Orfèvre anglaise.
L’orfèvre anglaise Hester Bateman est un exemple assez inhabituel d’une artisane du XVIIIe siècle dont le travail était déjà hautement estimé et largement collectionné à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Si l’étendue de son implication personnelle dans la fabrication des nombreux objets d’argenterie qui portent sa marque n’est pas entièrement connue, les chercheuses et chercheurs considèrent aujourd’hui que les premiers récits sur ses compétences, qui se serait soudainement révélées à la mort de son époux orfèvre, sont des distorsions quelque peu romantiques faisant fi des réalités pragmatiques de la gestion d’un atelier avec de nombreux·ses artisan·e·s. Cependant, plutôt que de dévaluer les contributions de H. Bateman à l’histoire du médium, de telles réévaluations mettent en valeur ses importantes innovations entrepreneuriales et offrent une vision plus nuancée de la manière dont les femmes ont pu évoluer de manière stratégique au carrefour de l’art et des affaires dans la société de consommation, alors en pleine évolution, de l’Angleterre du XVIIIe siècle.
Née Hester Needham dans la paroisse londonienne de Clerkenwell, elle épouse au début des années 1730 John Bateman. Ce dernier est fabricant de chaînes et de fils métalliques, et probablement sous-traitant pour d’autres orfèvres. Sa petite entreprise suffit apparemment à subvenir aux besoins des six enfants que finit par avoir le couple. À la mort de J. Bateman en 1760, H. Bateman hérite des outils et du fonds de son mari. En 1761, elle enregistre sa propre marque de fabrique. Sans aucune formation préalable, elle développe l’atelier d’orfèvrerie pour en faire une entreprise familiale florissante et profitable qui emploie plusieurs de ses enfants, dont deux ayant déjà fait un apprentissage en orfèvrerie.
La production de H. Bateman couvre une large gamme de biens d’usage majoritairement domestique. Les premières œuvres portant sa marque sont des couverts simples, comme des cuillères et des fourchettes ; à mesure que s’accroît son affaire se diversifient ses formes de couverts et de vaisselle creuse. La production de l’atelier est principalement de style néoclassique, avec comme motifs ornementaux privilégiés de fines perles, des motifs ajourés et des pieds en forme de serres agrippant une boule. Un encrier datant d’environ 1780-1781 conservé au Philadelphia Museum of Art illustre la prédilection de l’atelier pour les formes d’une élégance sobre et les constructions intelligentes, avec des contenants pour l’encre et un bougeoir attachés au plateau par un système de pattes et de goupilles dissimulées.
L’une des contributions les plus importantes de H. Bateman à l’orfèvrerie est l’adoption d’innovations mécaniques alors récentes, de pair avec les techniques artisanales ancestrales de ce domaine. Son atelier utilise des feuilles d’argent fabriquées à la machine (alors récemment disponibles auprès de manufactures de Birmingham et de Sheffield), du fil perlé et des ornements ajourés à la machine préfabriqués, ainsi que des décorations gravées plutôt que des motifs moulés ou repoussés tridimensionnels. Optant pour ces solutions mécaniques efficaces tout en maintenant un standard élevé et stable de fabrication, l’argenterie de H. Bateman réfute les conceptions ultérieures d’un travail à la machine qui serait inévitablement bas de gamme et grossier. En effet, ce type d’hybridation entre production mécanique et production manuelle requiert le talent de H. Bateman à coordonner un réseau complexe de fournisseurs et de fabricants, ainsi qu’une attention avisée portée aux désirs d’une classe moyenne florissante, qui couronne son entreprise d’un succès commercial.
H. Bateman prend sa retraite en 1790, à l’âge de quatre-vingt-un ans, et meurt en 1794, laissant son entreprise d’orfèvrerie entre les mains de ses fils Peter et Jonathan ; à la mort de Jonathan (peu après le départ de sa mère), sa veuve Ann s’associe à l’entreprise. L’atelier Bateman perdure ensuite sur deux générations après Peter et Ann, jusqu’à sa fermeture en 1843.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Rééclairer le siècle des Lumières : Artistes femmes du XVIIIème siècle »
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