Maud Sulter, Zabat: Poetics of a Family Tree, Hebden Bridge, Urban Fox Press, 1990
→Maud Sulter, Jeanne Duval: A Melodrama, Édimbourg, National Galleries of Scotland, 2003
→Deborah Cherry (dir.), Maud Sulter: Passion, Londres, Altitude Editions, 2015
Maud Sulter: Passion, Impressions Gallery, Bradford ; Street Level Photoworks, Glasgow, 2015-2016
→About Face, Hillhead Library, Glasgow, avril – juin 2015, commandé à l’origine pour la Scottish Poetry Library en 2002
→Syrcas, Biennale d’art contemporain de Johannesburg, Greater Johannesburg Transitional Metropolitan Council, 1995
Plasticienne, photographe et écrivaine britannique.
Maud Sulter est une artiste et une activiste féministe d’origine ghanéenne et écossaise. À 17 ans, elle quitte Glasgow pour poursuivre ses études au College of Fashion de Londres et obtiendra plus tard un master en études photographiques à l’University of Derby. Elle commence sa carrière comme poète et publie un premier recueil en 1985, As a Blackwoman, qui sera primé (Vera Bell Prize). Cette même année, elle participe en tant qu’artiste visuelle à The Thin Black Line, première exposition d’envergure, placée sous le commissariat de Lubaina Himid (née en 1954), réunissant des artistes contemporaines issues de la diversité dans une institution publique britannique, l’Institute of Contemporary Arts de Londres. Autre étape importante : en 1990, elle publie chez Urban Fox Press, une maison d’édition qu’elle a fondée,Passion: Discourses on Blackwomen’s Creativity. Cet ouvrage phare est le fruit du Blackwomen’s Creativity Project qu’elle a initié avec la photographe Ingrid Pollard (née en 1953) dans les années 1980. Vers 1999-2000, M. Sulter ouvre une galerie, Rich Women of Zurich, dans le quartier de Clerkenwell à Londres, pour y présenter ses œuvres et celles des artistes de sa communauté.
Dès le milieu des années 1980, ses créations bousculent les codes de l’art occidental, pour dénoncer les discriminations et l’invisibilisation qui touchent les Africain·e·s-descendant·e·s. Membre du British Black Arts Movement, M. Sulter s’évertue à placer les femmes noires au centre d’une histoire de l’art qui les exclut. Dans son travail, elle a recours à divers médiums, notamment l’écriture, la performance et la photographie. En 1987, Sphinx, sa première exposition individuelle, montre une série de photographies en noir et blanc réalisée sur une île au large de la Gambie, où étaient parqué·e·s les esclaves déporté·e·s vers les Amériques. En 1989, Zabat, série de portraits Cibachrome, la met en scène aux côtés de huit autres artistes noires, chacune incarnant une Muse de la Grèce antique. Sa pratique photographique remporte un vif succès qui lui vaut plusieurs distinctions dont, en 1990, le prix British Telecom New Contemporaries et la bourse Momart de la Tate de Liverpool.
M. Sulter dirige un temps le programme de maîtrise en arts à la Manchester Metropolitan University. Elle poursuit des recherches sur l’histoire culturelle de la diaspora africaine en Europe, ce qui la conduit à produire plusieurs séries inspirées de la vie de femmes noires, telles que Paris Noir (1990), Alba (1995) ou Twa Blak Wimmin (1997). La série Hysteria (1991) évoque la trajectoire d’Edmonia Lewis (1844-1907), sculptrice d’origine africaine-américaine et amérindienne, qui fit sa carrière à Rome. Plusieurs des projets de M. Sulter portent sur la figure de Jeanne Duval, muse et compagne du poète Charles Baudelaire, à qui elle veut, dit-elle, « donner un nom, une identité, une voix » (Jeanne Duval: A Melodrama, 2003). Son ensemble le plus connu, Syrcas (1993), aborde, à travers des photomontages, à la fois la traite transatlantique des Africain·e·s et la persécution des minorités africaines-descendantes dans l’Europe fasciste des années 1930 et 1940.
Son dernier projet, Sekhmet (2005), revient sur son histoire personnelle : l’artiste revisite les archives photographiques de ses deux familles, écossaise et ghanéenne, qu’elle accompagne de poèmes évoquant les réalités diasporiques. Emportée par le cancer à l’âge de 47 ans, M. Sulter a réalisé des œuvres qui sont toujours d’une profonde actualité et ont fait l’objet en 2015 d’une rétrospective, Maud Sulter: Passion, au Street Level Photoworks à Glasgow, sa ville natale.
Publication réalisée dans le cadre de la Saison Africa2020.
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