Perrin Lathrop, African Modernism in America, New Haven, Yale University Press, 2022
→Simon Ottenberg, Olayinka, A Woman’s View : The Life of An African Modern Artist, Trenton, Africa World Press, 2014
Sankofa : Constructing Modern African Art, Hampton University Museum, Hampton, été 2024
→African Modernism in America, The Phillips Collection, Washington, octobre 2023-janvier 2024
→Olayinka Burney-Nicol, Yusuf Grillo, Mwariko Omari, Commonwealth Institute Art Gallery, Londres, juillet 1972
Artiste interdisciplinaire sierraléonaise.
« Olayinka » Miranda Burney-Nicol est issue d’une famille krio [créole] de Freetown, en Sierra Leone. Son goût pour la création se manifeste dès l’enfance. Douée dans différents médiums, dont la peinture, le dessin, la performance et le stylisme, elle s’affirme comme une artiste moderne polyvalente. Sa vision artistique est profondément façonnée par son expérience de Krio ayant grandi à l’époque coloniale. Bien que l’environnement dans lequel elle a été élevée dévalorise généralement les cultures africaines autochtones, O. Burney-Nicol choisit d’explorer son propre héritage et les cultures de la Sierra Leone. Ainsi, elle s’informe avec ferveur sur l’art africain, avec le but de l’intégrer à ses œuvres.
Entre 1949 et 1958, O. Burney-Nicol entreprend un voyage initiatique qui la mène aux États-Unis et en Europe grâce à des bourses accordées par des organismes tels que l’American Council on African Education. Elle poursuit ses études d’art à la Long Island University (Brooklyn, New York), au Ball State Teachers College (Muncie, Indiana) et à la New School for Social Research (New York). Durant sa période new-yorkaise, O. Burney-Nicol collabore étroitement avec des personnalités africaines-américaines de premier plan, par exemple Harry Belafonte et Sidney Poitier, au Harlem Negro Theater. Elle déménage ensuite à Londres, où elle continue de perfectionner sa pratique, et reçoit une bourse pour étudier la peinture à la Central School of Arts and Crafts. Les voyages qu’elle entreprend à cette époque en Espagne, en Italie et en France l’aident à élargir son horizon artistique, ce qui la conduit à expérimenter la peinture à l’huile.
À son retour en Sierra Leone, O. Burney-Nicol continue de se développer professionnellement. Mariée pendant une courte période, elle est mère d’un fils unique, Eddie Davies, et poursuit sa carrière comme directrice artistique pour le ministère de l’Éducation. Elle joue notamment un rôle décisif dans le choix du drapeau national de la Sierra Leone au moment où le pays acquiert son indépendance. Ses accomplissements artistiques atteignent une reconnaissance, ce qui lui vaut le premier prix lors d’une exposition collective au British Council en 1958. Après avoir quitté ses fonctions au gouvernement, O. Burney-Nicol fonde l’Olayinka Art Studio, au sein duquel elle s’intéresse à diverses formes d’expression artistique mêlant matériaux africains traditionnels et influences occidentales. Elle développe un style distinctif que l’on retrouve dans ses peintures à l’huile, ses estampes et ses gravures sur tablettes coraniques ; O. Burney-Nicol forge même le terme de « wallasilk » pour décrire ses tableaux sur soie montées sur des tablettes coraniques. Son travail est acclamé et certaines de ses œuvres sont acquises par de prestigieuses institutions étrangères, dont la Harmon Foundation Collection à New York.
Des années 1960 au milieu des années 1990, O. Burney-Nicol continue de repousser les frontières de l’art et expose ses œuvres dans son pays et à l’étranger. Parmi ses expositions individuelles majeures comptent celles de Londres et de Bonn. Son héritage artistique survit à sa mort, survenue en 1996, grâce à ses œuvres conservées dans des collections états-uniennes telles que celles du Newark Museum of Art. Sa contribution au modernisme africain a notamment été célébrée dans les expositions African Modernism in America (2023-2024) à la Phillips Collection et Sankofa : Constructing Modern African Art (2024) au Hampton University Museum. Par son audace et son dévouement indéfectible à son travail, O. Burney-Nicol est devenue une icône de l’art moderne africain, source d’inspiration pour les générations à venir.
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024