Roca, José, and Jennifer Hirsh, Regina Silveira: mil e um dias e outros enigmas, cat. exp., Fundação Iberê Camargo, Porto Alegre (16 mars – 29 mai 2011), Porto Alegre, Fundação Iberê Camargo, 2011
→Montejo, Adolfo Navas (dir.), Regina Silveira, Milan, Edizioni Charta, 2011
→Power, Kevin, « Interview with Regina Silveira », in Regina Silveira: Lumen, cat. exp., Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid (12 mai – 5 juillet 2005), Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, 2005, pp.200-205
Regina Silveira: Outros Paradoxos, Museu de Arte Contemporânea da Universidade de São Paulo, São Paulo, 28 août 2021 – 6 novembre 2022
→Regina Silveira and The Great Attic, Køge Art Museum, Køge, 7 mars – 9 août 2009
→Regina Silveira: Lumen, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid, 12 mai – 5 juillet 2005
Plasticienne brésilienne.
Regina Silveira est une figure clef de l’art contemporain, connue pour son exploration novatrice de la perception visuelle et des dynamiques spatiales. Au cours de son cheminement artistique, elle met continuellement au défi les conceptions conventionnelles de la réalité et de la représentation à travers un large spectre de médiums, dont l’estampe, l’installation, la vidéo et l’art numérique.
À ses débuts, l’œuvre de R. Silveira est profondément influencé par sa formation en gravure et par son engagement dans le mouvement de l’art concret brésilien. Ces premiers éléments l’imprègnent d’une approche rigoureuse de la forme et de la structure, qu’elle subvertit par la suite en cherchant à interroger les frontières entre le réel et l’illusoire. Sa fascination pour les ombres, pour la perspective et pour la distorsion de l’espace naît dans les années 1970 et prépare le terrain pour ses pièces les plus emblématiques. Son usage de la skiagraphie (l’art des ombres) dans ses installations la conduit à créer une séparation visuelle entre les objets et leurs ombres – en employant en général de la peinture ou des panneaux de vinyle noirs. La sensation d’étrangeté ainsi produite révèle les interactions de la présence et de l’absence.
L’œuvre fondatrice de R. Silveira, A Lição [La Leçon, 2002], illustre sa capacité à manipuler la perception et à défier la compréhension que le public a de l’espace. Dans cette installation, elle utilise des chutes de vinyle pour projeter les ombres exagérées d’objets géométriques sur les murs et sur le sol. Cela a pour effet de désorienter le public, tout en l’invitant à reconsidérer sa relation à son environnement et à remettre en question la fiabilité de ses propres sens.
Tout au long de sa carrière, R. Silveira témoigne d’un intérêt aigu pour les croisements entre art, architecture et technologie. Dans ses installations, elle emploie souvent des techniques et des matériaux sophistiqués pour créer des environnements immersifs qui brouillent la frontière entre art et réalité. Escada Inexplicável 2 [Escalier inexplicable 2, 1999] est un exemple de ces illusions d’optique qui caractérisent son travail. Dans cette œuvre de grandes dimensions, le motif choisi de l’escalier induit une sensation de vertige et de régression infinie, défiant la perception de l’espace négatif et positif par le public. En manipulant le visible et l’invisible, R. Silveira révèle que le monde visible est largement façonné par la position relative depuis laquelle on l’observe, une idée héritée des néo-concrétistes du Brésil qui l’ont précédée, comme Lygia Clark (1920-1998) et Hélio Oiticica (1937-1980). Avec cette œuvre, R. Silveira souligne que la réalité n’est pas aussi fixe et universelle qu’il n’y paraît.
Sa manière d’explorer les phénomènes visuels et son rapport innovant à la technologie et à l’espace font de R. Silveira une figure référentielle de l’art contemporain. Par son œuvre, elle invite le public à se confronter aux complexités de la perception et à accepter les incertitudes qui sont au cœur de l’expérience humaine. Son influence durable sur la sphère artistique témoigne de la puissance transformatrice qu’il y a à repousser les limites de la perception et de la réalité, et garantit l’héritage artistique laissé par cette créatrice qui défie le paysage de l’art contemporain.
Les œuvres de R. Silveira ont été exposées dans des cadres internationaux de premier plan, dont la Biennale de São Paulo (1981, 1983, 1998, 2021), la Biennale de La Havane (1986, 1998, 2015) et le Museum of Modern Art de New York (1999, 2004, 2022). Sa contribution au monde de l’art s’étend au-delà de sa propre pratique. Professeure dévouée, elle a enseigné dans des institutions prestigieuses, telle l’Universidade de São Paulo, où elle a influencé toute une génération d’artistes par son approche expérimentale.
Une notice réalisée dans le cadre d’AMIS: AWARE Museum Initiative and Support, en partenariat avec le Pérez Art Museum Miami
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