Theodosia Salome Okoh, My Story, Accra, Digibooks Publishing, 2015.
Three Generations of Women in Art, Accra, The Loom, 2014.
→Urevbu Contemporary, Memphis, United States, 1990.
→Accra Arts Center, Accra, Ghana, 1978.
Artiste et sportive ghanéenne.
Theodosia Salome Okoh (née Theodosia Salome Abena Kumia Asihene) est l’artiste qui a dessiné le drapeau national du Ghana, hissé pour la première fois par le Premier ministre Kwame Nkrumah le jour de l’indépendance du pays, le 6 mars 1957. Elle est née de parents Anum Guan, la quatrième enfant du couple formé par Dora Poobea Akyea et du très révérend père Emmanuel Victor Asihene. Son père, l’un des premiers diplômés du programme « Hand and Eye », le premier cursus d’art spécialisé introduit par le gouvernement colonial britannique à la fin des années 1800, était l’un des premiers enseignants d’art professionnels formés de la Côte-de-l’Or. Son frère aîné, Ernest Victor Asihene (1915-2001), est un artiste et universitaire qui a été doyen du College of Art et vice-recteur de la Kwame Nkrumah University of Science and Technology.
En 1927, T. Okoh entre à l’école à Effiduase, dans l’actuelle région d’Ashanti, où son père occupe le poste de ministre de l’Église presbytérienne. Puis elle fréquente avec sa sœur, Lucy Janet Abena Bohema Asihene, l’école pour filles de la Basel Mission, à Agogo, ville où elle entreprend par la suite une formation pour devenir enseignante. À cette époque, qui coïncide avec la Seconde Guerre mondiale, la West African Frontier Force (WAFF) a commencé à recruter en masse dans la colonie de la Côte-de-l’or et ailleurs. T. Okoh et ses camarades d’études tricotent des pulls, des chaussettes et des écharpes pour les soldats. Après avoir terminé sa formation, elle est en poste pour une courte période à Akyem Kukurantumi, où elle est la première femme à enseigner. Elle obtient ensuite une bourse pour s’inscrire à l’Achimota Art School, où elle est l’une des trois femmes à suivre le cours de spécialité en art. Diplômée en 1944, elle retourne à Agogo pour y enseigner les arts plastiques. Une demi-décennie plus tard, elle épouse un haut fonctionnaire, Enoch Kwabena Okoh, avec lequel elle a trois enfants. Après son mariage, elle se consacre à son foyer.
T. Okoh en vient à dessiner le drapeau du Ghana en participant à un concours. Dans son autobiographie, elle explique : «Je me suis décidée pour les trois couleurs rouge, or et vert en raison de la géographie du Ghana. Le Ghana est situé sous les tropiques et bénéficie d’une riche végétation. La couleur or était influencée par la riche nature minérale de nos terres et le rouge commémore ceux qui sont morts ou qui ont œuvré pour l’indépendance du pays. Ensuite, l’étoile à cinq branches est le symbole de l’émancipation africaine et de l’unité dans la lutte contre le colonialisme », explique-t-elle. Pour cette création et sa promotion du hockey sur gazon au Ghana, T. Okoh obtient une reconnaissance tardive, en 1997, lorsque le président Jerry Rawlings lui remet la Grande Médaille pour les services rendus à son pays.
Au début des années 1970, le médium artistique de préférence de T. Okoh devient le collage ; plus précisément des compositions complexes réalisées à partir de tiges de maïs. Ses représentations incluent le Capitole des États-Unis, la cathédrale Saint-Paul de Londres, le bloc administratif de l’école d’Achimota, le Parlement et la Cour suprême du Ghana. Elle expose ses œuvres de collage à domicile à Accra, au Ghana, ainsi qu’aux États-Unis. T. Okoh pratique également le dessin, la peinture – à la fois l’aquarelle et l’huile. Son corpus d’œuvres s’étend du portrait aux scènes de genre. En 2014, elle participe notamment à Three Generations of Women in Art, une exposition collective présentée à The Loom, l’une des plus anciennes galeries d’art d’Accra. L’artiste décède l’année suivante. En 2024, son petit-fils, Ian Jones-Quartey (1984), créateur étasunien de dessins animés, a déclaré que « [sa] grand-mère est l’une de [ses] plus grandes inspirations ».
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024