Loïs Mailou Jones, Untitled (Two Women), vers 1945, the Baltimore Museum of Art : Achat réalisé grâce au Pearlstone Family Fund et à un don partiel de The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc., BMA 2020.98, © Loïs Mailou Jones Pierre-Noel Trust
La Harlem Renaissance, également connue sous le nom de « New Negro movement », est un mouvement culturel africain-américain qui s’est étendu à tous les domaines de la création artistique : la littérature, la musique, les arts de la scène et les arts plastiques. Il apparaît à partir des années 1920, avec la Grande Migration africaine-américaine, et s’estompe avec la Grande Dépression, à la fin des années 1930 – début des années 1940. L’exposition The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism, organisée par le Metropolitan Museum of Art (Met) de New York du 25 février au 28 juillet 2024, explorait cet important courant de l’art et de la culture africaine-américaine du début du xxe siècle et offrait l’opportunité de réexaminer à point nommé les œuvres de ses artistes longtemps resté·es dans l’ombre. Dans le champ des arts plastiques, les femmes africaines-américaines mises à l’honneur dans l’exposition du Met incluaient la sculptrice Meta Vaux Warrick Fuller (1877-1968), la peintre Laura Wheeler Waring (1887-1948), la sculptrice Augusta Savage (1892-1962), la peintre Loïs Mailou Jones (1905-1998) ainsi que la sculptrice et graveuse Elizabeth Catlett (1915-2012).
L’art de la Harlem Renaissance n’est pas défini par des critères stylistiques communs à toutes ses figures, mais les œuvres des artistes femmes communément associées au mouvement trouvent échos dans les préceptes énoncés par le théoricien et philosophe Alain Locke avec l’anthologie The New Negro: An Interpretation (1925). Dans ce manifeste, A. Locke incite les artistes Africain·es-Américain·es à produire des œuvres qui reflètent leur fierté et à puiser dans l’esthétique de l’art africain comme références culturelles et comme modèles pour leurs œuvres. En raison de la manière caricaturale et stéréotypée dont la population noire avaient été portraiturée dans la culture visuelle et la littérature américaines, les artistes Africain·es-Américain·es étaient encouragé·es à produire leur propre représentation de la vie des Noirs en opposition à l’imagerie rabaissante et négative.
Comme le suggère le titre de l’exposition du Met, la Harlem Renaissance ne fut pas cantonnée au quartier new-yorkais de Harlem, mais se diffusa à travers les États-Unis et au-delà, dans plusieurs villes du pays et à l’étranger. Pour les artistes, auteur·ices et musicien·nes Africain·es-Américain·es, la France constituait un lieu où réaliser leurs projets artistiques et un refuge face aux discriminations raciales qui sévissaient aux États-Unis. Nombre d’artistes femmes de la Harlem Renaissance, comme Selma Hortense Burke (1900-1995) et Nancy Elizabeth Prophet (1890-1960), enrichirent leur expérience et leurs connaissances à Paris, étudiant souvent dans des écoles d’art auprès de professeur·es renommé·es, visitant des collections ou des expositions qui influencèrent leur travail, exposant dans les salons et les galeries, côtoyant des personnes venues du monde entier ou recevant le soutien et les conseils d’artistes noir·es expatrié·es vivant dans la capitale.