Restany Pierre (dir.), Alina Szapocznikow, 1926-1973 : tumeurs, herbier, cat. expo., Musée d’art moderne de la Ville de Paris (8 mai – 3 juin 1973), Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 1973
→Jakubowska Agata (dir.), Alina Szapocznikow : awkward objects, cat. expo., Museum of Modern Art, Varsovie (2009), Warsaw/Bristol, Museum of Modern Art, 2011
→Storsve Jonas (dir.), Alina Szapocznikow : du dessin à la sculpture, cat. expo., musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou, Paris (27 février – 20 mai 2013), Paris/Dilecta, Centre Pompidou, 2013
Alina Szapocznikow, 1926-1973 : tumeurs, herbier, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 8 mai – 3 juin 1973
→Alina Szapocznikow: Sculpture Undone, 1955–1972, Wiels contemporary art centre, Bruxelles ; Hammer Museum, Los Angeles ; Wexner center for the arts, Columbus ; MoMA, New York ; 2012 – 2013
→Alina Szapocznikow : du dessin à la sculpture, musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou, Paris, 27 février – 20 mai 2013
Sculptrice polonaise.
Parmi les artistes polonais les plus importants de sa génération, Alina Szapocznikow incarne une sculpture nouvelle, à la fois héritière des surréalistes et relais des innovations du courant pop. Rescapée des camps de concentration – après plusieurs mois passés dans les ghettos de Pabianice et de Łódź en Pologne, où elle survit en exerçant le métier d’infirmière –, puis souffrant de plusieurs maladies, elle produit une œuvre marquée par la douleur physique. À la Libération, elle étudie à l’Académie d’art et d’industrie de Prague, puis aux Beaux-Arts de Paris (1948-1950). De retour en Pologne en 1951 pour se faire soigner de la tuberculose, elle répond à des commandes publiques – monuments à Chopin (avec Oskar Hansen), à l’amitié polono-soviétique, aux héros de Varsovie, aux victimes d’Auschwitz. Elle participe activement à la vie artistique contemporaine, aux côtés de son mari Ryszard Stanisławski, critique d’art et directeur du célèbre musée d’Art moderne de Łódź. Choisie pour représenter le pavillon polonais à la Biennale de Venise en 1962, elle rejoint la France définitivement l’année suivante, se rapprochant du groupe du nouveau réalisme (Arman, César, Niki de Saint Phalle). Elle partage alors sa vie avec le célèbre graphiste Roman Cieślewicz.
Avec de nouveaux matériaux, elle s’attelle à une sorte de vivisection intime du corps en le fragmentant et en multipliant les parties : Ventres-coussins (1968) ; Tumeurs (1968) ; Fétiches (1970) ; Portrait multiple (1965). Ces œuvres, qui correspondent à des moulages pris sur des corps − principalement le sien −, sont ensuite souvent tirées en vinyle, en polyuréthanne ou en bronze. Par cette réification du corps, littéralement en morceaux, elle illustre notre propre finitude, considérant que celui-ci est notre principale source de joie, de souffrance, et lui reconnaissant cette simplicité ontologique. Atteinte d’un cancer du sein à partir de 1968, elle va plus loin dans l’expression de son drame personnel avec L’Enterrement d’Alina (1970), où sont mêlés à la sculpture différents souvenirs personnels (photographies, sous-vêtements, gaze). La dernière étape de son travail est franchie avec Herbarium (1971-1973), dans lequel sont intégrés des débris du moulage du corps de son jeune fils, dont les reliefs sont fixés pour toujours. Sur fond d’éclosion de pensée féministe et aux côtés d’autres artistes comme Louise Bourgeois ou Eva Hesse, A. Szapocznikow a largement contribué à ouvrir la voie aux représentants du body art.