Sugiura, Kunié, Index and Footprints, Kyoto, édition de ART OFFICE OZAKA, 2021
→Sugiura Kunié: Aspiring Experiments/New York in 50 years, cat. expo., Tokyo Photographic Art Museum [24 juillet-24 septembre, 2018], Tokyo, de Tokyo Photographic Art Museum, 2018
→Kunié Sugiura, New York Art, New York Artist: Bijutsu-techo Art Report 1986-2008, Tokyo, Bijutsu Shuppan-sha, 2013
Kunié Sugiura, Alison Bradley Projects, New York, 7 mars-10 mai, 2023
→Sugiura Kunié : Aspiring Experiments/New York in 50 years, Tokyo Photographic Art Museum, 24 juillet-24 septembre, 2018
→For a New World to Come : Experiments in Art and Photography, Japanese Art and Photography 1968-79, The Museum of Fine Arts, Houston, 7 mars-12 juillet 2015/Grey Art Gallery, New York University, 11 septembre-5 décembre 2015/Japan Society, New York, 9 octobre 2015-11 janvier 2016
Photographe japonaise.
Kunié Sugiura s’installe à Chicago en 1963 et étudie à la School of Art Institute (SAIC), dont elle est diplomée en beaux-arts (BFA) en 1967. Pendant ses années universitaires, elle étudie sous la direction de Kenneth Josephson (1932–), photographe New Bauhaus. À l’époque, peu d’élèves choisissent la photographie comme mode d’expression artistique, mais K. Sugiura décide que ce médium lui convient : elle n’a de cesse d’explorer depuis lors les multiples facettes qu’il offre. Son diplôme en poche, elle déménage à New York. Elle s’essaye à la photographie couleur dans les années 1960. Durant la décennie suivante, elle combine la peinture acrylique et la photographie sur des toiles, puis, accompagnant la génération du pop art dans les années 1980, elle se met à produire des photogrammes, c’est-à-dire sans utiliser d’appareil photographique ou de chambre noire, mais en plaçant des objets du quotidien sur une surface photosensible. Ce processus lui permet de construire son propre style, à la confluence entre la matérialité de la photo et l’abstraction de l’image, pour donner naissance à une œuvre d’art.
À la fin des années 1980, K. Sugiura commence à utiliser des motifs de fleurs dans ses photogrammes. Mais la critique n’est pas tendre avec l’artiste, n’y voyant que leur caractère décoratif très cliché. K. Sugiura trouve pourtant intéressant d’avoir ainsi accès à un matériau à un prix très abordable. Pour elle, les fleurs représentent des objets de consommation chers aux artistes du pop art, mais également des organes reproducteurs, dotés d’étamines et de pistils, tout en symbolisant l’esthétique japonaise de la fragilité et de l’éphémère. Sa démarche qui fait de la fleur un matériau idéal pour photogramme donne naissance à plusieurs séries : Botanicas (1989), Cut Flowers (1990–1999) ou encore Stacks (1990–1999), présentées lors d’une exposition collective en 1997 intitulée Photography 13 au musée d’Art moderne de New York, aux côtés de Rineke Dijkstra (1959-), An-My Lê (1960-) ou encore Vik Muniz (1961-). Au terme de la manifestation, le MoMA achète certaines des œuvres exposées par K. Sugiura.
Au début de sa carrière, K. Sugiura ne considère pas son art comme un moyen de faire passer un message politique, bien que son atelier abrite les activités du groupe féministe radical Redstockings, fondé par Ellen Willis et Shulamith Firestone en 1969. Plutôt que d’inclure une charge politique dans son œuvre, l’artiste préfére y exprimer sa propre sensibilité et ses souvenirs, persuadée que cela contribuera à l’avènement d’une société libérée du racisme et du sexisme. Bien que cela puisse paraître anachronique, sa série Cko des années 1960 fait écho au post-humanisme et au féminisme cyborg de Donna Haraway : les corps humains, souvent féminins, y sont représentés comme des arbres, des fleurs, des fèves, des graines, des cellules végétales. Les corps déformés ne sont pas déshumanisés et transformés en objets, mais au contraire mis en avant à travers la relation biologique qu’ils entretiennent avec le monde, à travers une énergie interne représentée par une pâle couleur rouge. On retrouve ce désir de voir s’entremêler les formes du corps humain et la nature dans des séries plus récentes comme Artists / Scientists / Boxing Papers and Intimate (1999-) ou DG Photocanvas (2015-).
Une grande rétrospective de ses œuvres, intitulée Sugiura Kunié : Aspiring Experiments / New York in 50 Years, se tient en 2019 au musée de la Photographie de la ville de Tokyo (TOP Museum). K. Sugiura est également lauréate du Prix du photographe japonais lors de la 23e édition du prix Higashikawa en 2007.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXème – XXIème siècle »
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