Bullock, Natasha, Cole Kelli, Hart, Deborah, Pitt, Elspeth (dir.), Know My Name, cat. exp., National Gallery of Australia, Canberra (14 novembre 2020 – 9 mai 2021), Canberra, National Gallery of Australia, 2020
→Day, Charlotte, Linda Marrinon: Figure Sculpture, 2005-2015, Caulfield East, Monash University Museum of Art, 2015
→McAuliffe, Chris, Linda Marrinon: Let Her Try, Fishermans Bend, Craftsman House, 2007
Know My Name: Australian Women Artists 1900 to Now. Part One, National Gallery of Australia, Canberra, 14 novembre 2020 – 9 mai 2021
→Linda Marrinon. Scene at Edfu and Other Sculptures, Roslyn Oxley Gallery, Sydney, 30 octobre – 28 novembre 2020
→On Vulnerability and Doubt, Australian Centre for Contemporary Art, Melbourne, 29 juin – 1er septembre 2019
Peintre et sculptrice australienne.
Linda Marrinon expose dans son pays et à l’étranger depuis le milieu des années 1980. L’artiste est connue pour sa pratique discrète et pour sa faible présence médiatique, qui trouvent un écho dans l’élégance des statuettes figuratives grâce auxquelles elle s’est fait connaître. L. Marrinon acquiert un succès critique dans les années 1980, à l’issue de ses études au Victorian College of the Arts de Melbourne.
Au début de son parcours, elle privilégie l’appropriation empreinte d’ironie et l’humour inspiré de la bande dessinée, s’essaie aux assemblages d’objets trouvés et associe une iconographie vive et graphique à des peintures de lettrages afin de produire son propre style de satire féministe teintée d’impertinence. Ainsi, Hey Waitress [Hé, serveuse, 1987] se présente sous la forme d’un grand tableau représentant la hanche et les fesses d’une femme en minijupe rouge vif, rognées par les bords du tableau comme si celle-ci était penchée au-dessus d’une table. L’œuvre fait appel à une sensibilité pop art en faisant usage du langage visuel propre aux publicités peintes à la main, avant que les multinationales ne deviennent la norme. Le tableau met en lumière, sur un ton humoristique, l’expérience universellement désagréable et souvent gênante des remarques sexistes que subissent les femmes qui travaillent dans l’industrie de la restauration.
À partir de la fin des années 1990, L. Marrinon fait évoluer sa pratique vers la sculpture figurative. Peu préoccupées par les modes dictées par le monde de l’art, ses sculptures ont ceci d’intemporel qu’elles parviennent à mettre au jour des figures historiques et des archétypes sociaux. Avec Woman of Albert, France, 1916 [Femme d’Albert, France, 1916, 2019], son œuvre la plus imposante à ce jour, elle réinterprète dans son style singulier une histoire bien connue. La scène, qui se présente comme une relique contemporaine en plâtre et terre cuite teintés de jaune crème et de rose, semble s’effriter sous nos yeux. Une grande figure se tient face à nous, élégamment vêtue d’une tenue Régence, et soutient notre regard à l’ombre de son chapeau, tandis que le décor derrière elle prend une tournure plus dramatique sous la forme d’une structure montagneuse et bosselée. L’artiste ne prête attention au détail que de façon irrégulière : la figure centrale est minutieusement taillée et délicatement colorée, tandis que le monde autour d’elle reste délibérément grossier et semble s’écrouler à ses pieds. L’œuvre de L. Marrinon nous plonge dans un espace indéfini et féerique, tout en ambiguïté et en suspens, où des figures méticuleusement rendues incarnent des références historiques finement observées, nous invitant ainsi à songer à l’acte créatif lui-même en laissant affleurer les traces physiques du toucher de l’artiste et les zones visibles de matérialité brute.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022