Mason, Karen Anne, African-American Artists of Los Angeles Oral History Transcript: Ruth G. Waddy, entretien mené en octobre 1990, avril 1991 et les 26-28 juillet 1991, Los Angeles, Oral History Program, University of California, 1993
→Lewis, Samella S., Waddy, Ruth G., Black Artists on Art, 2 vol., Los Angeles, Contemporary Crafts Publishers, 1971
Black Artists on Art: The Legacy Exhibit, Oakstop Gallery, 2 février – 28 mars 2015
→Ruth Waddy: A Retrospective, Gallery Plus, Los Angeles, 1986
→Prints by Ruth Waddy, Scott United Methodist Church, Pasadena, 1976
Artiste graveuse, éditrice, organisatrice culturelle et activiste africaine-américaine.
Ruth Gilliam Waddy est venue à l’art par ses activités d’organisatrice culturelle et de militante, vers ses cinquante ans. Née à Lincoln, dans le Nebraska, Williana Ruth Gilliam (qui adoptera le nom de son ex-mari, William H. Waddy) grandit dans le Minnesota et fréquente brièvement son université, qu’elle quitte pour aller travailler à Chicago, notamment comme domestique, pendant la Grande Dépression. Elle y rencontre la poète et artiste africaine-américaine Margaret Burroughs (1915-2010), qui l’initie à la gravure. Pendant la guerre, R. G. Waddy emménage avec sa fille à Los Angeles, où elle est employée comme riveteuse et commise. Elle arrête de travailler lorsqu’on lui diagnostique une épilepsie sévère. C’est donc vers 1962, alors que le mouvement des droits civiques prend de l’ampleur, que R. G. Waddy entreprend de contacter des artistes africain·e·s-américain·e·s locaux pour une exposition. Comme elle le raconte, son principal objectif pour cette rencontre est « civique et social ». L’exposition n’a pas lieu, mais le groupe d’artistes devient Art West Associated. R. G. Waddy y assume un rôle de coordination, sollicitant des financements, organisant des expositions et collaborant avec des magazines noirs, comme Essence, pour aider les artistes à vendre leurs œuvres.
En 1965, elle participe à l’élaboration de l’ouvrage Prints by American Negro Artists et voyage en bus dans plusieurs États, rencontrant de jeunes artistes noir·e·s et choisissant des gravures. Parmi elles, on retrouve les travaux de Betye Saar (1926-) et de Richard Hunt (1935-). En 1969 et 1971, elle coédite avec l’universitaire et artiste Samella Lewis (1923-2022) une série essentielle en deux volumes sur les artistes contemporain·e·s africain·e·s-américain·e·s, Black Artists on Art. Ces expériences vont façonner à la fois sa pratique d’éditrice et de graveuse.
Bien que R. G. Waddy ait brièvement suivi le cours de céramique de Tony Hill (1908-1975) et passé un semestre à l’Otis Art Institute, sa formation artistique s’appuie surtout sur ses liens avec d’autres artistes en tant que collectionneuse d’art, organisatrice culturelle et éditrice. Au début des années 1960, elle produit déjà des linogravures en petits formats et expose parfois son travail avec d’autres artistes de Art West aux États-Unis et à l’étranger. Elle travaille principalement le linoléum, réalisant de petites impressions en couleur ou en noir et blanc, en édition de vingt ou de vingt-cinq. Le style et les sujets varient, oscillant entre l’abstrait – c’est le cas de Untitled (1969), qui a été inclus dans Black Artists on Art – et le figuratif, où elle dépeint la vie quotidienne et politique des Noir·e·s. L’une de ses œuvres les plus connues, The Key (1969), représente un groupe de révolutionnaires africains. Elle explique : « La clé de la liberté dans les pays d’Afrique, c’est le combat. C’est cela, la clé. » Dans The Exhorters (1976), elle commente la variété des positions politiques disponibles aux sujets noirs à l’époque de la lutte pour les droits civiques.
R. G. Waddy a passé la plus grande partie de sa vie à défendre les artistes noir·e·s et est considérée comme une figure importante du paysage culturel californien. Elle a reçu de nombreuses distinctions et récompenses, dont un doctorat honorifique en arts de l’Otis Art Institute en 1987.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.