Gillian Wearing, Rock’n’roll 70 Wallpaper, 2015, Courtesy Maureen Paley, Londres, Regen Projects, Los Angeles et Tanya Bonakdar Gallery, New York.
Pour la première fois, la National Portrait Gallery a choisi de mettre en parallèle le travail de Gillian Wearing et Claude Cahun, deux artistes femmes majeures autour de la question de l’autoportrait photographique.
Claude Cahun, Autoportrait (Elle dans Barbe-bleue), 1929, photographie, 11,7 x 8,8 cm, © Jersey Heritage Trust
D’un côté, l’artiste et écrivaine française, proche du mouvement surréaliste, Claude Cahun1 (1894-1954), longtemps méconnue, et de l’autre, l’artiste contemporaine anglaise, Gillian Wearing (1963), appartenant au groupe des Young British Artists et lauréate du Turner Prize en 1997.
Bien que nées à plus de soixante-dix ans d’intervalle dans des contextes historiques et sociaux bien différents, elles ont le point commun d’avoir exploré les thèmes de l’identité et du genre par le biais de la mascarade.
Réalisée en collaboration étroite avec l’artiste anglaise, l’exposition réunit environ cent-cinquante œuvres des deux artistes. G. Wearing collabore pour la première fois avec la National Portrait Gallery en 2011 lorsque l’institution lui commande un portrait de Shami Chakrabarti2 pour sa collection permanente. Si G. Wearing a découvert le travail de C. Cahun dans les années 1990, c’est un autre portrait, réalisé en 2012 et clin d’œil appuyé à une photographie de C. Cahun, qui représente le point de départ de l’exposition Behind the Mask, Another Mask [Derrière le masque, un autre masque]. Ce titre fait d’ailleurs directement référence à une citation d’Aveux non avenus3 , texte anti-autobiographique de C. Cahun.
Gillian Wearing, Rock’n’roll 70 Wallpaper, 2015, Courtesy Maureen Paley, Londres, Regen Projects, Los Angeles et Tanya Bonakdar Gallery, New York.
Ainsi, l’exposition débute par cette œuvre de G. Wearing, Me as Cahun holding a mask of my face (2012), dans laquelle cette dernière porte un masque4 plus vrai que nature de C. Cahun et tient dans une main celui de son propre visage.
Hommage direct à l’iconique Autoportrait5 réalisé par l’artiste française vers 1927, elle est aussi une invitation à découvrir une partie de l’univers de G. Wearing et son utilisation du masque comme questionnement identitaire, à l’instar de C. Cahun et son sens aigu de la transformation à travers chacun de ses autoportraits.
Gillian Wearing, My Exquisite Corpse, 2016, avec Gary Hume (tête), Michael Landy (torse), Gillian Wearing (jambes) © Gary Hume © Michael Landy © Gillian Wearing, Courtesy Maureen Paley, Londres.
Tandis que C. Cahun utilise le travestissement pour casser les codes de la féminité de son époque et échapper à toute tentative de catégorisation, G. Wearing pose, quant à elle, par le truchement du masque, la question identitaire et interroge notre rapport à l’image au sein de la société contemporaine.
En dehors de la similitude des thèmes explorés, l’exposition s’attache également à démontrer à quel point la valeur performative de la photographie a permis, à ces deux grandes artistes, d’aller plus loin dans la découverte de soi.
Cette exposition est également l’occasion de découvrir de nouvelles œuvres de G. Wearing tout récemment produites telles At Claude Cahun’s Grave (2015) ou My Exquisite Corpse (2016).
À la National Portrait Gallery, à Londres, du 9 mars au 29 mai 2017.