Weinberg-Staber Margit, Verena Loewensberg – the apparent lightness of painting, cat. d’exp, Bâle, Galerie Knoell, [juin – juillet 2019], Bâle, Galerie Knoell, 2019
→Coray Loewensberg Henriette, Grossmann Elisabeth, Verena Loewensberg (1912-1986), Zurich, Scheidegger & Spiess, 2012
Verena Loewensberg – Retrospektive, musée d’art Winterthur, Winterthur, mai – août 2012
→Verena Loewensberg (1912-1986) – Rétrospective, Aargauer Kunsthaus, Aarau, août – octobre 1992
→Time Problems in Swiss Painting and Sculpture, Zunsthaus Zürich, Zurich, 1936
Peintre suisse.
À quinze ans, Verena Loewensberg suit une formation de tissage, dessin et théorie des couleurs à la Gewerbeschule [École des arts et métiers] de Bâle. En 1929, elle prend des cours de danse à Zurich. 1934 marque le début d’une longue amitié avec Max Bill et son épouse Binia, photographe ayant suivi l’enseignement de Lucia Moholy. En 1935, grâce à Bill, elle entre en contact à Paris avec des artistes gravitant autour du groupe Abstraction-Création et fait la connaissance, déterminante, de Georges Vantongerloo.
Au début des années 1930, elle réalise des dessins figuratifs et abstraits. En 1936, elle est la plus jeune des rares artistes femmes invitées à l’exposition Zeitprobleme in der Schweizer Malerei und Plastik [Problématiques actuelles dans la peinture et la sculpture suisses], exposition essentielle pour l’art moderne suisse présentée au Kunsthaus de Zurich. D’une génération plus jeune que Sophie Taeuber-Arp, née en 1889, elle partage avec elle une formation similaire – design textile et danse – et la même ouverture d’esprit. En 1937, elle est la seule femme lors de la création du groupe Allianz, Association des artistes suisses modernes dont feront partie à la fois Taeuber-Arp et Meret Oppenheim.
« En 1936, j’ai commencé à peindre des tableaux concrets et je n’ai pas arrêté depuis. » Elle dira beaucoup plus tard qu’elle « était obsédée par ses problèmes plastiques ». Les interviews de Loewensberg sont rares et aucune déclaration ne nous renseigne sur son rôle en tant qu’artiste ou comme unique femme au sein du cercle étroit des quatre « Concrets zurichois » [Zürcher Konkreten]. Elle n’a jamais exprimé de théorie artistique : elle laissa à Max Bill et Richard Paul Lohse le soin de rédiger des manifestes et de théoriser. Bien qu’elle incarnât un mode de composition précis et structuré, elle s’octroya aussi, à l’instar de Camille Graeser, des libertés formelles et chromatiques plus poétiques et quasi musicales.
Dans le catalogue raisonné de son œuvre, sa première peinture à l’huile date de 1944, période à partir de laquelle elle compte parmi les protagonistes incontestés de l’art concret. Un tournant s’opère vers 1960-1963 ; dans les années 1970 sa peinture s’aventure bien au-delà des canons de l’art concret. Ses tableaux, souvent réduits à deux couleurs monochromatiques, incitent à rapprocher désormais son travail de la Color-Field Painting et du Minimal Art. Même si la peinture de Loewensberg a toujours été caractérisée par un sens aigu de la couleur, son œuvre tardif atteste son rang de coloriste exceptionnelle parmi les représentants de l’abstraction géométrique.
Jusque dans les années 1970, l’art concret domina la scène artistique zurichoise et helvétique. Contrairement à ses homologues masculins Bill, Graeser et Lohse, Loewensberg ne reçut jamais le prix des arts [Kunstpreis] décerné par la ville de Zurich.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021