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Les artistes femmes et les problématiques écologiques
Féminismes et autres engagements
15.05.2020 | Anaïs Roesch

Ursula Biemann, Forest Law, 2014, 2 canaux synchronisé, essai vidéo, 38’, © Ursula Biemann

La nature a, depuis longtemps, été une source d’inspiration et un objet de représentation pour les artistes. Cependant, les crises environnementales majeures du XXe siècle telles que le changement climatique ou encore l’érosion de la biodiversité ont mis à mal cette appréhension, révélant sa fragilité. Cette prise de conscience a alors transformé la relation des plasticien·ne·s au paysage.

Ce virage pris forme aux États-Unis dans les années 1960 et 1970. Dans une époque marquée par la contestation, nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui interrogent les limites de l’art tel que pratiqué en atelier et exposé en musée. Les artistes quittent la ville pour les grands espaces où ils viennent sculpter directement dans le paysage. C’est ce qu’on appellera le Land Art et l’art in situ. Au même moment se développe un autre mouvement l’art écologique ou Eco Art, principalement porté par des artistes femmes et dont Ágnes Dénes (née en 1931) est l’une des pionnières. Parmi ses projets les plus connus figure Wheatfield, a Confrontation (1982), situé dans une parcelle libre du World Trade Center : elle négocie le droit d’y faire pousser puis de récolter du blé, occupant pendant quatre mois ce champ en pleine ville, estimé à l’époque à 4,5 milliards de dollars. Comme l’illustre cette œuvre, en réponse au développement du Land Art qui exprime essentiellement des préoccupations d’ordre esthétique et conceptuel, ces éco-artistes proposent une pratique plus urbaine, sociale et éthique. La reconnaissance de ce courant sera cependant tardive car éclipsée par le succès du Land Art – concentré autour de quelques figures masculines et ayant par ailleurs effacé la seule femme de ce mouvement, Nancy Holt (1938-2014), bien moins reconnue que ses collègues et son mari Robert Smithson (1938-1973).

Depuis, de nombreuses plasticiennes se saisissent des problématiques environnementales et ce dans des démarches très diversifiées. Certaines, comme la sculptrice française Marinette Cueco (née en 1934), s’inspirent de la nature en travaillant à partir de matériaux végétaux et minéraux dans un esprit de frugalité. D’autres telles que l’artiste chinoise Yin Xiuzhen (née en 1963) ou la suisse Ursula Biemann (née en 1955) cherchent à travers leurs œuvres, à dénoncer une situation ou susciter une prise de conscience. D’autres encore, comme Lucy Orta (née en 1966), proposent des solutions et imaginent le monde de demain. Certaines enfin, à l’instar d’Ana Mendieta (1948-1985), invitent à une reconnexion spirituelle et physique avec la Terre.

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